En Libye, le procureur général de Tripoli a établi une liste de 37 personnes, 6 libyens, 22 personnalités appartenant à différents mouvements de l’opposition tchadienne et 9 leaders de la rébellion soudanaise, suspectés d’implication dans des attaques contre des installations pétrolières et une base militaire, a indiqué samedi une source judiciaire. Certaines de ces personnes sont en Libye et d’autres vivent ailleurs. Sur l’image, Seddik al-Sour, le responsable des enquêtes au bureau du procureur général de Tripoli. AFP/Getty Images
Le procureur général de Tripoli a délivré, ce jeudi 3 janvier, un mandat d’arrêt contre 31 opposants tchadiens et soudanais, et 6 libyens notamment Abdel Hakim Belhadj et Ibrahim Aljdran. Ils sont accusés d’être liés à l’attaque contre le croissant pétrolier libyen, la base aérienne de Brak al-Shati et celle de Tamenhant.
A en croire un rapport rendu publique jeudi, des groupes rebelles tchadiens, intervenant dans les combats opposant des tribus libyennes, auraient directement perpétré des meurtres, des enlèvements et des actes de barbaries qui ont affecté un certain nombre de citoyens libyens dans le sud de la Libye.
Selon le communiqué annonçant les mandats publié par les médias, le procureur général de Tripoli s’est basé sur des « communications parvenues aux organes de sécurité concernant des Libyens ayant fait appel à des éléments des oppositions soudanaise et tchadienne » pour perpétrer ces attaques.
Les leaders de l’opposition tchadienne et les chefs militaires rebelles visés par ce mandat d’arrêt international sont entre autres: le Général Mahamat Nouri, Ali Ahmat Abdallah, Adoum Hissein, Hassan Hissein, Timan Erdimi, Abakar Tollimi, Mahamat Hassan Boulmaye, Kingabé Ogouzeimi de Tapol, Ali Oumar, Mahamat Hakimi, Hamid Djorou Margui, Hassan Moussa Kelley, Mahamat Moussa Margui, Mahamat Mahdi Ali et Bichara Hadjar Erdi.
Pourtant, certaines personnes sur cette liste ne sont même pas en Libye. Timan Erdimi est à Doha au Qatar depuis 2009, le Général Mahamat Nouri et Abakar Tollimi sont réfugiés politiques en France depuis une dizaine d’années. Mahamat Hassan Boulmaye a été enlevé au Niger en 2017 et depuis lors, on a plus des nouvelles de lui. Quant à Michelot Yogogobaye alias Kingabé Ougouzeimi de Tapol, il est réfugié politique en Suisse et n’a jamais mis les pieds en Libye. Il a d’ailleurs démissionné de son poste de vice-président du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR).
Parmi les Soudanais listés, il y a Mini arko Minaoui, un chef rebelle du Darfour, et Moussa Hilal, chef de la milice Janjawid qui est impliqué dans des opérations de trafic d’armes en Afrique selon plusieurs rapports internationaux.
Mahamat Mahdi Ali, dont le nom figure sur cette liste, a dénoncé sur RFI une manoeuvre des autorités de Tripoli.
« Notre lutte est nationale, notre lutte est laïque. Nous combattons le régime dictatorial d’Idriss Déby. Nous n’avons aucun intérêt de nous immiscer dans le problème libyen. Nous n’avons pas le droit d’être avec un belligérant contre un autre. Nous luttons contre la dictature tchadienne et aussi nous luttons contre Daech. Et donc, cette accusation tendant à nous assimiler à des mercenaires à la solde de certaines idées ou contre d’autres, nous la réfutons totalement », a déclaré à RFI le leader du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT). Selon lui, « La raison principale est qu’un des membres d’une faction de l’opposition tchadienne a été enlevé à Tripoli par des islamistes. Ils l’ont torturé. Et d’ailleurs, cette liste a été extorquée sous l’effet de la torture ».
Sur les réseaux sociaux, beaucoup de Libyens se sont demandés à quand des mandats d’arrêts contre d’autres chefs de guerre et des milices libyennes qui font la pluie et le beau temps en Libye depuis des années.
La Libye est plongée dans le chaos et meurtrie par les violences entre groupes armés rivaux depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Elle est dirigée par deux entités rivales: le gouvernement d’union nationale, reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli, et un cabinet parallèle installé dans l’Est appuyé par le maréchal Khalifa Haftar.
TchadConvergence avec RFI et Jeune Afrique