Depuis que le gouvernement a décidé de baisser les salaires des fonctionnaires, le mercure sociopolitique ne fait que monter au Tchad. En effet, après les manifestations de rue organisées par des scolaires et la société civile la semaine dernière, quatre partis politiques de l’opposition avaient appelé à une marche pacifique, hier, 6 février 2018, pour protester contre les mesures d’austérité imposées par le gouvernement. Et comme on pouvait s’y attendre, la marche a été réprimée dans le sang par la police qui, en plus de l’usage de grenades lacrymogènes, a procédé à de nombreuses arrestations. Une dizaine de manifestants ont été interpellés. Et ce n’est pas tout. Le ministre de l’Administration territoriale, dans une déclaration, menace de suspendre les activités de tout parti politique ou association de la société civile qui tenterait désormais de braver l’interdiction d’une manifestation, fût-elle pacifique.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le dictateur Idriss Déby a décidé de bander les muscles, tout en faisant l’autruche. Mais il aurait tort de minimiser la grogne sociale en cours qui, chaque jour qui passe, gagne de nouvelles couches. Et c’est peu dire !
Car, à l’allure où vont les choses, il faut craindre que le brasier actuel ne se transforme en un véritable incendie, à l’instar de ce qui s’est passé en Tunisie où l’immolation par le feu d’un jeune, perçue au départ comme un épiphénomène, avait pourtant fini par emporter le dictateur Ben Ali.
La contestation gagne les villes de province
La ville de Sarh a été réveillée ce mardi matin par une opération tintamarre à l’appel des syndicats et de la société civile, selon une information donnée par le journal « Le pays ». La population est ensuite sortie dans la rue. Les forces de l’ordre entrent en action et tirent massivement des grenades lacrymogènes. Des arrestations ont également eu lieu.
Après l’Église catholique, le doyen des Oulémas islamiques monte au créneau
Dans son sermon (« Al Khutbah ») du vendredi 2 février, le doyen des Oulémas islamiques du Tchad, le Cheick Mahamat Djibrine Yamine a dénoncé la corruption à tous les niveaux de l’État. « Lorsqu’un responsable vole, il passe un laps de temps en prison ensuite il est promu. Il devient soit le responsable du parti au pouvoir ou le président de l’une des institutions, assemblée nationale, etc… Comment voulez vous que les choses marchent dans des telles conditions ! Soyons sincères avec nous même ! C’est un manquement grave de gouvernance », a déclaré le leader religieux.
Comment voulez-vous que le contribuable tchadien accepte de se saigner pour la nation pendant que les dirigeants continuent de rouler carrosse ?
C’est bien là que le bât blesse. Car, comme le dit l’adage, « le bon exemple doit venir d’en haut ». A commencer par mettre fin aux voyages incessants et sans intérêts pour notre pays de l’homme qui le tient d’une main de fer depuis 28 ans. Durant les dix derniers jours, le dictateur Idriss Déby a effectué plusieurs voyages à coup de plusieurs centaines de millions de FCFA en temps de crise grave. Globalement, Pourquoi ne pas tout simplement réduire drastiquement le train de vie de l’État plutôt que d’opérer un abattement sur les salaires des fonctionnaires qui, du reste, avaient de la peine à joindre les deux bouts, pour ne pas dire tout simplement qu’ils tirent le diable par la queue ? Franchement, Déby doit savoir raison garder, s’il ne veut pas en rajouter à la colère du peuple qui, en réalité, en a marre de sa mal gouvernance qui a fini par faire du Tchad un pays économiquement exsangue. Mais comme on le sait, les dictateurs sont ainsi faits qu’ils ne savent pas tirer leçon de ce qui arrive aux autres. Si fait que même quand ils le voient, ils font semblant.
TchadConvergence avec lepays.bf