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Lutte contre l’impunité au Tchad: quand les magistrats, avocats, notaires et huissiers ont fait plier Idriss Déby en quatre

Au Tchad, Idriss Déby lâche un proche pour désamorcer la contestation du corps judiciaire. L’ex-gouverneur de la région du Logone oriental et des gradés de la gendarmerie ont été arrêtés ce jeudi à N’Djamena. Ils sont accusés de tentative d’assassinat d’un avocat et ses clients.

Le 22 mai, un avocat de Doba, Me Doumra Manassé, s’était dit victime de tirs par des gendarmes sur sa voiture alors qu’il transportait trois clients relaxés. Ces derniers avaient ensuite été selon lui bastonnés et emmenés dans les locaux de la gendarmerie de Doba.

Après l’envoi d’une mission d’enquête du ministère de la Justice à Doba qui avait recommandé le départ du gouverneur et du commandant de gendarmerie de la région du Logone Oriental, le gouverneur, Adam Nouki Charfadine, avait été démis de ses fonctions le 6 juin par le Président Idriss Déby.

L’arrestation d’Adam Nouki Charfadine, proche du Président Déby, et deux responsables militaires depuis ce jeudi soir montre que le despote tchadien se plie à la demande des professions judiciaires pour désamorcer la grève qui paralyse la justice tchadienne depuis plus de deux semaines. En effet, cette affaire avait entraîné un mouvement de grève des magistrats, avocats, notaires et huissiers de justice, qui réclamaient le limogeage du gouverneur, ainsi que celui « des autorités militaires et civiles » impliquées dans les violences.

« Le gouverneur, le commandant de la légion de la gendarmerie, le commandant de brigade et ses éléments ont été appréhendés », a déclaré le ministre de la Justice, Djimet Arabi. Il a précisé qu’ils se trouvaient toujours dans la soirée de jeudi à la Section nationale de recherche judiciaire (SNRJ) dépendant de la gendarmerie.

Scepticisme à N’Djamena
Ces arrestations des dignitaires du régime ne cessent d’alimenter les conversations à N’Djamena, où estiment que c’est juste une manière de berner les Tchadiens pour casser la grève générale des fonctionnaires qui perdure depuis plus de deux semaines.

Il faut rappeler l’arrestation, en octobre 2015, de Salaye Déby, le frère cadet du Président. Directeur générale des douanes, celui-ci était soupçonné d’être impliqué dans une vaste affaire de détournement de biens, mais il avait été finalement libéré après seulement quelques heures de garde à vue.

Tout le monde se rappelle aussi de l’impunité dont ont bénéficié les proches de l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis plus de 28 ans, qui ont attaqué en avril 2017 un convoi de prisonniers en direction de Koro-Toro et ont abattu 9 prisonniers et un gendarme de l’escorte avant de disparaître dans la nature.

Pour Sosthene Mbernodji, coordonnateur du Mouvement pour la préservation des libertés (MCPL), « la loi doit s’appliquer à tout le monde. Il n’est pas un super Tchadien. Il a longtemps bénéficié du parrainage, de la protection quand il était gouverneur dans le Batha et quand il était Secrétaire général à la mairie centrale de N’Djamena. L’impunité que le régime MPS, entretient, cela va trop loin donc il va falloir que cela s’arrête ».

Maître Midaye Guerimbaye, avocat au barreau du Tchad et président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) prend acte de cette nouvelle et attend que justice soit rendue. « Nous ne pouvons pas accepter que des gens qui viennent tirer à bout portant sur des avocats, sur des magistrats puissent bénéficier d’mpunité. L’appareil judiciaire est paralysé. Notre grève consiste à rappeler à l’État qu’on ne peut pas fermer les yeux sur ce qui relève de la vérité évidente. Attendons de voir parce que l’arrestation n’est pas une fin en soi. Il faut que la justice se prononce ».

D’une manière générale, les avocats, notaires et huissiers de justice restent méfiants et disent que tant que les prévenus ne sont pas présentés au procureur, le mot d’ordre de grève ne sera pas levé.

TchadConvergence avec AFP et dw.com

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