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Les Tchadiens divisés face à la pratique de la « Dia »

Les récents conflits intercommunautaires ayant occasionné de centaines de morts dans les provinces de Ouaddaï, du Sila et de Tibesti ont poussé le gouvernement tchadien à prendre une note circulaire sur la pratique de la dia ou le « prix du sang », qui consistait à verser une réparation pécuniaire aux parents de la victime.

Dans sa note circulaire signée par trois de ses membres (Justice, Défense et Administration du territoire), le gouvernement tchadien, « constate que le plus souvent, les parties en conflit assimilent le paiement de la dia à l’extinction totale de l’action pénale, nous rappelons que cette conception erronée de la dia est contraire aux textes en vigueur et encourage l’impunité ».

« Il est porté à la connaissance de l’opinion nationale que dorénavant, l’action publique doit être exercée quel que soit le règlement intervenu entre les parties. Aussi convient-il de relever qu’en cas de mort d’homme, l’exercice de l’action publique par le procureur est obligatoire nonobstant le règlement des dommages-intérêts entre les parents des victimes et ceux du ou des auteurs de l’infraction », peut-on lire de la note circulaire.

Le gouvernement invite les autorités administratives, judiciaires, traditionnelles et coutumières de veiller au respect strict des termes de la présente circulaire qui ne doit souffrir d’aucune dérogation.

Pour une partie des tchadiens, la dia ne devrait pas être appliquée. « On est dans une république, c’est la loi qui devrait être appliquée », estime Beramgoto Abel, chauffeur de son Etat, dont la famille a été obligée de payer la dia pour la mort d’un éleveur dans son village natal, au sud du Tchad.

« Les juges doivent prendre leur responsabilité. Le code pénal reste le seul texte en cas de meurtre, il faut simplement l’appliquer pour éviter l’amalgame. Dans certaines régions du pays, les populations ne connaissent aucunement cette pratique dite de dia, mais elle est leur est imposée », regrette pour sa part, Débaïbé Samuel, acteur de la société civile.

« La pratique de la Dia divise les Tchadiens, compromet la paix sociale et les efforts faits pour restaurer l’Etat de droit, et ruine l’économie des communautés », observe Abbé Yves Allaghomi, secrétaire générale de la conférence épiscopale du Tchad. Les évêques demandent aux autorités compétentes que cette pratique ne soit pas imposée à une communauté où elle n’est pas de tradition et même dans les communautés où elle est reconnue, que son application soit très encadrée. « Nous leur demandons aussi de restaurer l’autorité judiciaire et de dissoudre les accords inter-communautaires pris pour l’application de la Dia car cette pratique développe des rancœurs inter-communautaires » relèvent les évêques du Tchad par la voix de l’Abbé Yves Allaghomi.

Ceux qui sont contre la dia trouvent qu’il y a une injustice dans cette pratique d’autant que tous les tchadiens ne sont pas d’une même obédience religieuse. Mais, les partisans de la dia restent nombreux au Tchad. Comme le juriste enseignant-chercheur,Abazene Aboumkoulla, qui soutient que la dia n’est aucunement un problème, tout en reconnaissant que, sa mauvaise interprétation peut créer de la réticence de la part de ceux qui ne la comprennent pas.

« Les gens diabolisent la dia (en arabe) au lieu de lui donner sa signification française (réparation) pour la stigmatiser davantage faisant croire à une pratique sauvage de paiement du sang versé qui, dans certaines traditions, est seulement purifié. C’est dans ces traditions là qu’elle prend une allure religieuse alors qu’elle est, dans le milieu musulman, une pratique juridique (charia) reconnu par le Coran, étant coutumière à l’origine comme le mariage », éclaire le juriste et enseignant-chercheur, Abazene.

TchadConvergence avec APANEWS

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