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Grève générale dans le secteur public à partir de ce mardi 9 mars, à un mois de la présidentielle au Tchad

La plateforme syndicale revendicative qui regroupe quatre centrales dont les secteurs de l’Education et de la Santé a appelé ce samedi à la reprise de la grève dès ce mardi 9 mars 2021.

Le porte-parole de la plateforme syndicale revendicative, Barka Michel, a annoncé le 6 mars dans un communiqué, la reprise de la grève qui avait été suspendue le 5 février à la suite d’une médiation des leaders religieux.

La grève entre en vigueur à partir du mardi 9 mars jusqu’au mardi 16 mars 2021 sur toute l’étendue du territoire, avec un service minimum dans les hôpitaux. Cette grève de huit jours est renouvelable.

À l’issue d’une réunion de la plateforme syndicale revendicative élargie à ses organes de base, les participants ont rejeté à l’unanimité la proposition du gouvernement de payer les frais de transport à partir de mai 2021 sur la base de 1/12 du montant total par mois dans le cadre du pacte social.

Mbayana Laoukoura, secrétaire général du bureau exécutif, a invité tous les secrétaires généraux des sous organes à rester en contact permanent avec le Comité de suivi de grève pour d’éventuelles conduites à tenir. Il a demandé de « ne pas céder aux intimidations du gouvernement ». 

Le bureau exécutif provincial du Syndicat des enseignants du Tchad (SET) pour la ville de N’Djamena a appelé dimanche ses militants à respecter l’appel à la grève de la plateforme syndicale revendicative. Il met en garde tous ceux qui, sous prétexte de charger leurs téléphones, se rendent à leur lieu de travail. Il exhorte impérativement tous les militants à « demeurer sereins et solidaires pour pousser à bout cette lutte ».

Le secrétaire général adjoint du Syndicat national des enseignants-chercheurs du supérieur (SYNECS), section Université Adam Barka d’Abéché (UNABA), Hassane Goudja Izaddine, a annoncé le 5 mars un préavis de grève d’une semaine. « En dépit des difficiles conditions de vie et de travail, les enseignants-chercheurs de cette institution vaquent quotidiennement à leurs occupations et s’acquittent régulièrement de leurs devoirs », a déclaré Hassane Goudja Izaddine. Il évoque plusieurs points de revendication restés sans suite (bancarisation des primes, application des dispositions d’un arrêté relatif à la charge horaire annuelle des enseignants-chercheurs, remboursement de la valeur des indices des enseignants contractuels coupés pendant plusieurs années, paiement des heures supplémentaires, des vacations et reliquats).

Le Tchad rencontre, en ce moment, des graves difficultés financières. Selon une information fiable révélée par le journal confidentiel Africa Intelligence et relayée dans notre édition du 26 février, la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun (SNH) a tenté de racheter pour 150 milliards de FCFA (environ 275 millions de dollars) les 50 % des parts de la société tchadienne SHT dans l’oléoduc Tchad-Cameroun. Par un communiqué officiel signé le 3 mars 2021 par le directeur général de la SHT, Ibrahim Mahamat Djamous, cette information a été démentie. Pour Africa Intelligence, le président Déby veut à tout prix garder secret ce dossier avant le lancement de la campagne électorale.  « Idriss Déby – 68 ans, dont trente au pouvoir – veut absolument éviter de donner l’image d’un pays en faillite contraint de céder ses actifs pétroliers », note le journal Africa Intelligence qui vient de publier la copie d’une lettre datée du 8 janvier 2021 et signée du directeur de la société de conseil tchadienne Galileo Négoce & Conseil, mandatée par la SHT pour cette transaction. Cette dernière affirme que la SNH est prête à payer 150 milliards de francs CFA (environ 230 millions d’euros) pour cette transaction.

A cette crise sociale et financière s’ajoute une crise politique. La Cour suprême a publié, le 3 mars, une liste de dix candidats pour la présidentielle du 11 avril sur les dix-sept candidatures déposées. Les candidats de l’opposition Yaya Dillo et Succès Masra, qui ont fait l’actualité ces dernières semaines, ne seront pas de la course. Bien que retenus dans la liste, trois candidats, le Député Saleh Kebzabo de l’UNDR, Ngarlejy Yorongar, Coordinateur du Groupe parlementaire de la Fédération, Action pour la République, le notaire Théophile Bongoro, candidat de la coalition « Alliance victoire » ont déjà annoncé leur retrait du processus électoral.

Le 28 février, le domicile du candidat Yaya Dillo qui a été investi par le regroupement « Front nouveau pour le changement (FNC) », a été attaqué par une force blindée de la Garde présidentielle dans le cadre d’une affaire contre la « Fondation Grand Cœur (FGC) » de la Première Dame Hinda Déby. La mère et le fils de l’opposant ont été tués et cinq autres personnes ont été gravement blessés lors de cette opération.

Depuis le 6 mars jusqu’à ce matin, le siège du « Les Transformateurs » de Succès Masra a été encerclé par les forces de l’ordre.

Quant au Député Saleh Kebzabo qui avait appelé au boycott de la présidentielle, annonce un « boycott actif » et qu’il ne va pas rester sous la véranda chez lui jusqu’au 11 avril.

L’ancien ministre Yaya Dillo qui a pu fuir après l’attaque de sa résidence par une unité de la garde présidentielle et qui vit caché, a déclaré sut TV5 Monde qu’il « va se battre avec les autres et qu’ils vont pas laisser le terrain vide à Déby ». Ce mardi matin, il a déclaré sur RFI qu’il va aussi « saisir la justice internationale après la mort de sa mère qui est aussi la cousine du président Idriss Déby ». «Nous allons prendre nos responsabilités par rapport au préambule de la constitution du Tchad, nous allons résister à la dictature, nous allons résister à l’injustice», a-t-il ajouté.

 Selon le politologue Evariste N’Garlem Toldé, enseignant chercheur à l’Université de N’Djamena, joint par Yacouba Ouédraogo de la VOA, le régime s’accommode toujours des problèmes et des difficultés qui permettent de couvrir et de noyer les véritables problèmes. « ça fait déjà plusieurs mois que les fonctionnaires sont en grève et ça fait plusieurs jours que les Tchadiens attendent leurs salaires, on crée des situations comme ça et ça attire l’attention, c’est ça la vie au Tchad », a-t-il déclaré.

Ainsi va notre pays, le Tchad tenu d’une main de fer par le Maréchal Idriss Déby et sa famille depuis plus de trois décennies.

TchadConvergence avec les Agences

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