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Grève des fonctionnaires au Tchad: Idriss Déby interpellé en plein conseil de ministres

41 jours après la formation du premier gouvernement de la IVe république, le Président Idriss Déby a procédé à un énième remaniement ministériel au terme duquel trois ministres et un secrétaire d’État ont été limogés et quelques changements de portefeuilles.

A la tête du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le juriste David Houdeingar Ngarimaden a remplacé un autre enseignant, le linguiste Zakaria Fadoul Khittir, qui a tenté de réconcilier les étudiants.

Président du Conseil constitutionnel de 2004 à 2013, récipiendaire de la Légion d’honneur française en 2013, et ancien secrétaire général de la présidence, le professeur de droit, David Houdeingar Ngarimaden a été viré, il y a un an, du poste de ministre des Mines et de la Géologie suite à une enquête de l’Inspection Générale d’État (IGE). « Il est mis fin aux fonctions du ministre de l’Aménagement du Territoire Hamid Mahamat Dahalob et du ministre des Mines et de la Géologie David Houdeingar », a indiqué un décret présidentiel publié en mai 2017. « Les deux ministres ont été épinglés dans des malversations financières par l’IGE », a indiqué à l’AFP une source officielle qui a requis l’anonymat.

Et pourtant, peu de temps après la promulgation de la IVe République, le Président Idriss Déby avait eu des mots très forts sur la corruption et les détournements au Tchad : « La IVe République est bâtie sur des valeurs fortes, qui imposent des attitudes et des pratiques de rupture. Je reconnais volontiers que de nombreuses personnes ont bâti des fortunes importantes sur la base du détournement et de la corruption. Je vous assure que cette machine de l’enrichissement illicite et immoral va cesser son fonctionnement, quelles que soient sa marque et sa puissance ». Mais, c’est toujours le même blabla pour endormir les Tchadiens, IVe république ou pas, Idriss Déby n’a ni la volonté, ni les moyens pour changer son système en dérive.

Intéressons-nous à présent aux raisons du limogeage du Pr Zakaria Fadoul Khitir
Au Tchad, Zakaria Fadoul Kitir est connu pour être un homme sobre et intègre, et qui n’a pas sa langue dans sa poche pour dire ce qu’il pense même à l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis plus de 28 ans.

Pr Zakaria Fadoul Khitir et les délégués des étudiants après la rencontre du samedi 9 juin.

Peu de temps après sa nomination, le ministre Zakaria Fadoul Kitir avait convoqué les différentes associations des étudiants dans son bureau. Ainsi,18 délégués régionaux des étudiants ont été reçus au ministère. Zakaria Fadoul Khitir s’est réjouit du travail abattu par ses conseillers qui ont pu faire asseoir les étudiants afin de tirer les choses au clair. « J’ai constaté qu’il y a pas d’ententes entre eux du fait que l’ancien bureau avait fini son mandat depuis quelques temps et un nouveau bureau s’est autoproclamé. Il fallait, en effet, qu’ils s’entendent et nous allons les aider à organiser leur congrès. Avec l’aide de Cnou, les 18 délégués ont eu leurs billets aller-retour pour venir et ensemble ils ont sagement décidé d’élire l’ancien bureau qui a la charge d’organiser le congrès », a-t-il confié au journal « Le Pays ».

« Zakaria a réconcilié les étudiants qui ont été divisé par ses prédécesseurs. Il veut mobiliser les étudiants contre le régime », le bruit retentit dans tout N’Djaména jusqu’aux portes du Palais rose.

Mais, le professeur est-il allé trop loin en interpellant Idriss Déby en plein conseil de ministres ? Selon une correspondance du site Tchadactuel, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation aurait interpellé le Président en ces termes: « pourquoi le gouvernement est insensible aux mouvements de grève des fonctionnaires ?». « Il n’y a pas d’argent », lui répondit sèchement le dictateur tchadien.  « Si si », lui rétorqua le Professeur sur le même ton et en ajoutant: « seulement, il faut empêcher les vôtres de piller les ressources du pays qui est un pays riche, très riche», insista-t-il. Idriss Déby se leva alors et regagna d’un pas pressé son bureau et le remaniement n’a pas tardé à tomber.

A la sortie de la salle du Conseil de ministres, ses collègues lui reprochèrent sa naïveté, mais, très étonné il leur demanda: « pourquoi alors on nous a fait jurer ? ».

TchadConvergence

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