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Et si, demain, les forces de Khalifa Haftar étaient chassées du sud de la Libye ?

L’offensive de l’Armée nationale libyenne (ANL) dans le Sud-Ouest libyen, qui a annoncé de nouveaux succès le mercredi 6 février, attise les tensions politiques et ethniques.

L’ANL a lancé, depuis la mi-janvier, une offensive dans le Fezzan, région désertique aux confins de l’Algérie, du Niger, du Tchad et du Soudan, pour, selon son porte-parole, la « purger » « des groupes terroristes et criminels ».

Paris a apporté son soutien aux opérations de l’armée de l’ancien prisonnier de Hissein Habré.

« La France a beaucoup poussé Khalifa Haftar à lancer son opération dans le Fezzan, commente Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye et enseignant en géopolitique à l’université de Versailles Saint-Quentin. La présence de ses troupes dans la région de Mourzouk intéresse particulièrement Paris pour aider Idriss Déby dans sa lutte contre les rebelles tchadiens qui s’en servent de base arrière ».

Les Toubous, minorité libyenne qui contrôlent des champs pétroliers entre Koufra, Mourzouk et Oubari, accusent l’ANL d’avoir chargé des tribus rivales arabes de pénétrer dans leurs zones pour faire un « nettoyage ethnique ».

Des violents combats se déroulent autour de Ghodwa, au sud de Sebha (650 km de Tripoli), depuis le début de la semaine, entre les Toubous libyens appuyés par des rebelles tchadiens, et les forces de Haftar essentiellement constituées de mercenaires Toro-Boros soudanais. Selon des sources concordantes, les Toro-Boros, qui ont subi beaucoup de pertes lors des affrontements, ont quitté la zone pour se diriger vers Al-Jufra. Et depuis lors, faute de combattants, l’ANL ne fait que bombarder par des avions la région de Mourzouk, fief des Toubous.

La colère a gagné les représentants Toubous dans le nord-est libyen

Interrogé par l’AFP, Youssef Kalkouri, qui siège au parlement de Tobrouk, a souligné que les Toubous s’opposaient catégoriquement à l’entrée dans leurs villes de forces des tribus arabes d’Awled Souleimane et Zawiya.

Une autre députée Toubou a annoncé la suspension de sa participation aux travaux du parlement, tandis qu’un ministre Toubou du cabinet parallèle de l’est a présenté sa démission. Tous deux ont repris les accusations de « nettoyage ethnique ».

Quand les cartes et les alliances se redessinent dans le Fezzan

Pour contrer l’offensive de l’ANL, le gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez Al-Sarraj, basé à Tripoli, a nommé mercredi le général Ali Kanna commandant de la zone militaire de Sebha avec l’accord des Toubous. Ancien haut gradé du régime Kadhafi comme chef militaire pour la région sud, le général Kanna avait fui la Libye en 2011, avant de rentrer en 2015 dans son sud natal, où il bénéficie d’un certain soutien chez les Touaregs et dans la tribu de Kadhafi.

Des représentants des Toubous ont évoqués ces derniers jours la possibilité d’un front commun avec les Touaregs contre l’ANL de Haftar. Selon les spécialistes militaires, les forces de Haftar n’auront pas le dernier mot face à une telle alliance surtout si les affrontements devraient durer, c’est tous les Toubous du Tchad et du Niger qui s’engageront dans les combats. Il faut rappeler que, récemment, une petite poignée de villageois de Miski, extrême-nord du Tchad, a chassé l’armée d’Idriss Déby de toute la zone aurifère du Tibesti. Les jours qui viennent seront riches en rebondissements.

TchadConvergence

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