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Bruits de bottes grandissants dans le nord du Tchad: les troupes du « warrior » Idriss Déby en première ligne pour soutenir Haftar en Libye ?

(N’Djaména, 31 décembre 2016) – Depuis quelques temps, les rares habitués du Palais rose ont remarqué qu’il y a quelque chose qui se trame mais ne savent pas de quoi il s’agit exactement à commencer par les principaux concernés à savoir les militaires.

En effet, la mobilisation et le déploiement des troupes dans des zones jugées stratégiques créent une situation de panique et d’interrogations surtout s’il est suivi dans les faits par des actes qui rappellent des moments de guerre larvée.

Au début du mois de décembre, le Sultan du Dar-Bilia avait procédé au retrait de toute son armée opérant au Niger et dans la zone du Lac-Tchad pour la rassembler à Mao. Au même moment, une équipe des mécaniciens et des techniciens est dépêchée au Mali pour une révision et réparation de tous les engins sur cale depuis deux ans, prélude à un éventuel retrait selon l’entourage du Général Président du Tchad.

Ensuite, vient la création des 3 zones opérationnelles à l’extrême nord du Tchad (Bardaï-Tanoua-Ounianga) constituant ainsi une première ligne de défense, suivie par une seconde ligne de défense qui débute à partir de Mao jusqu’à Am-Timan. Concomitamment à cette mise en place et à l’arrivée des véhicules blindés fournis par les USA, l’arrivée d’une dizaine de gros porteurs chargés uniquement de pains de guerre. Après avoir passé 48 heures dans les locaux d’EMB, ces chargements ont été conduits à Mao qui devient pour le moment le principal centre de concentration de l’armée du Sultan.

Renforcement aussi de la sécurité autour de la Présidence par des blindés lourds retirés des contingents d’Am-Djaress. Règlement de la quasi-totalité des arriérés de salaires des militaires y compris les différentes indemnités adjacentes.

À quoi riment alors ces tohu-bohus ?
Personne n’en sait d’autant plus que le climat à la Présidence est à la morosité et à la frilosité. Le Général n’est pas dans des bonnes prédispositions pour s’ouvrir à ses proches. Il vocifère à tout vent, insulte et menace: la crise l’a rendu hargneux et pense sérieusement que c’est la faute des autres. Tout le monde est complice, tout le monde est incompétent et tout le monde est voleur, sauf bien entendu son épouse son seul soutien qui a été victime du complot de ses parents pour l’éloigner de lui (sic).

Cette agitation frileuse est couverte de secret d’état, ni le Premier ministre, moins encore le Ministre Délégué ne sont tenus au courant. Le sultan communique directement par téléphone satellitaire Thuruya avec les chefs d’unité. L’information ne filtre ni horizontalement ni verticalement. Toutefois, le Général a reçu séparément deux de ses plus proches au retour du Cameroun, chacun est sorti avec une version différente de l’autre.

Avec le premier reçu, il a été question d’envoyer des troupes à la demande de nos amis – entendez européens – à Benghazi pour soutenir Khalifa Haftar aux fins d’éradiquer le fléau islamiste de la racine. Quand l’officier a timidement osé demander «y a t-il un mandat de l’ONU ou de l’UA ?», il a failli ramasser un cendrier à la figure.

Au second, il lui a dit tout simplement «les goranes arrivent. Il faudrait prendre toutes les dispositions pour qu’ils ne traversent pas le BET». Personne n’est dupe, cette toison qu’il agite comme un épouvantail pour galvaniser sur des bases tribales ses parents contre une autre communauté ne tient plus maintenant, pas plus qu’un éventuel déferlement des islamistes de la Libye vers le Tchad. Ce sont des chimères fantasmagoriques qu’il agite constamment pour faire croire aux occidentaux.

Or, le Général-Sultan-Président et ses sponsors qui lui font monter la tête en insinuant des qualités militaires hors pair savent plus que quiconque que les islamistes du Maghreb n’ont jamais osé traverser le Sahara pour se rendre au Tchad ou au Niger. Les seuls islamistes connus dans cette sous-région est une création in situ dont toute l’opinion connaît d’où est partie la racine du mal. Par conte la zone d’opération des autres groupes se situe au Maghreb occidental et leur hinterland, le Mali.

Par ailleurs, on a remarqué que toute cette mobilisation grandiloquente d’hommes et des matériels est soutenue par une intendance sans faille. Alors, les abonnés de la cour du roi n’avaient-ils pas toujours insinué que le Tchad n’a plus les moyens pour payer les salaires des fonctionnaires, faire marcher l’administration ou même payer les prêts ? En revanche, pour faire la guerre ou organiser la tragi-comédie des élections, il y a toujours des moyens. Oui, les grottes d’Am-Djaress et les conteneurs du Palais rose regorgent, en effet, de l’argent public détourné. Qui a dit qu’il n’y a pas d’argent au Tchad ?

Beremadji Félix
Source: Tchadactuel

NDLR de TchadConvergence:
Soutenu par l’Égypte, les Émirats arabes unis, le Tchad, et récemment par la Russie après un voyage à Moscou, le Général Khalifa Haftar n’a pas caché, le 16 décembre dernier à Alger, son intention de lancer son armée nationale libyenne en direction de Tripoli afin de prendre le pouvoir par la force. Selon une information de RFI, des opérations militaires de grande ampleur se déroulent actuellement en Libye. Le général Haftar veut débarrasser tout le sud du pays des milices et autres groupes armés. Khalifa Haftar a fait appel aux dignitaires de la ville de Sebha pour essayer de déloger les milices de la localité. Un des porte-paroles de Haftar à Sebha a déclaré ce vendredi matin qu’une délégation de hauts dignitaires de la ville a rendu visite aux dirigeants de la «troisième force», un groupement de milices qui travaille sous ordre du gouvernement d’union nationale à Tripoli. Selon ce porte-parole, la sortie des milices de la ville de Sebha est «inévitable». En toute logique, on peut penser que le Président Idriss Déby craint avant tout une pénétration des rebelles tchadiens dans le nord du pays après la conquête du Fezzan par les troupes de Haftar. Il faut rappeler que les rebelles du FACT de Mahamat Mahdi Ali ont été récemment bombardés par les forces de Haftar.

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