Le Président Idriss Déby a convoqué de toute urgence ce mercredi 9 mai 2018 les leaders religieux des trois confessions afin de mettre au point la formule à prononcer lors de la prestation des ministres du nouveau gouvernement.
Il s’agit du Dr Mahamat Khatir Issa président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Tchad, Monseigneur Alphonse Karamba, vicaire général du diocèse de N’Djaména et David Jean Ratou, Secrétaire général adjoint de l’Entente des Eglises et Missions Evangéliques au Tchad (EEMET).
Le mode de prestation de serment contenu dans l’article 105 de la nouvelle Constitution a constitué l’essentiel des discussions selon le DGCOM de la Présidence.
La nouvelle loi fondamentale instituant la VIe République stipule dans son article 105 qu’avant leur entrée en fonction les membres du gouvernement prêtent serment devant le Président de la République suivant la formule confessionnelle consacrée par la loi. Sur le coran pour le musulman, la bible pour le chrétien et le rite ancestral pour celui qui n’appartient à aucune religion révélée. Une frange des religieux du Tchad, plus particulièrement les chrétiens, sont contre cette disposition qui consiste à jurer sur la bible.
« Pour nous chrétiens, notre religion nous interdit de jurer sur la Bible », a déclaré monseigneur Alphonse Karamba à sa sortie d’audience.
Ce jeudi 10 mai 2018, une séance prestation de serment des nouveaux ministres devant la Cour suprême a été organisée au Palais rose en présence du despote tchadien.
Ainsi, les ministres ont défilé à la barre pour prêter serment. Et comme le ridicule n’a tué personne dans le pays de Toumaï, même Issa Mahamat Abdelmahmout, qui était suspendu par l’Inspection Générale d’Etat (IGE) avant sa nomination aux Finances et au Budget, avait prêté serment.
Même, Maître Jean-Bernard Padaré, ministre d’État, ministre des Infrastructures et du désenclavement a prêté serment « AU NOM D’ALLAH LE TOUT PUISSANT ». Ah bon ! Donc IDI aurait converti « feu de brousse » à l’Islam…
Le premier couac vient de Madame Madeleine Alingué, ministre des Postes et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, Porte Parole du Gouvernement, qui refuse de prêter serment « AU NOM D’ALLAH LE TOUT PUISSANT ».
Le président de la Cour suprême, M.Samir Adam Annour lui annonce que c’est la formule retenue par les trois leaders religieux, mais Madame Alingué persiste et campe dans sa position. Après avoir pris acte du refus et après les prestations de serment des ministres suivant dans la liste, le président de la Cour suprême a fait revenir Madame Alingué pour prêter serment « AU NOM DU DIEU LE TOUT PUISSANT » en considérant que « ALLAH EST BIEN LE DIEU LE TOUT PUISSANT ».
Mais, Madame Djibergui Rosine Amane, ministre de l’Aviation civile, des Transports et de la Météorologie nationale, refuse de prêter serment en justifiant que sa religion lui refuse de prêter serment « AU NOM DU DIEU LE TOUT PUISSANT ». Elle a certainement suivi l’appel du clergé qui est contre ce mode de serment.
La Cour suprême prend alors acte du refus de Madame Djibergui Rosine Amane. Et l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis 28 ans nomme séance tenante le Général Mahamat Orozi, ministre de l’Aviation civile, des Transports et de la Météorologie nationale, qui prête serment « AU NOM D’ALLAH LE TOUT PUISSANT ». Il était jusqu’alors le Chef d’Etat-major particulier du Général-Président du Tchad.
Ainsi, tous les Tchadiens compétents qui ne voudront pas prêter serment avec la « nouvelle formule » ne pourront plus prétendre à devenir ministres dans notre pays à moins que l’on supprime l’article 105 de la nouvelle loi fondamentale qui divise les Tchadiens sur des bases confessionnelles et qui est aussi en contradiction avec la forme laique de l’État.
Ainsi va notre pays …
TchadConvergence