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Au Tchad, deux jours après l’accord signé entre le gouvernement et les syndicats, pas de moratoire en vue dans les banques

(N’Djaména, 18 mars 2018) – Deux jours après l’accord entre le gouvernement et les syndicats, les fonctionnaires grévistes n’avaient pas repris le travail, la situation budgétaire est difficile et il y a trop de méfiance.

Les travailleurs tchadiens attendent toujours l’application de la mesure phare de l’accord à minima, censé mettre fin à sept semaines de grève : le paiement des salaires du mois de février. Un accord qui prévoit en outre, un moratoire de trois mois sur les crédits contractés par les fonctionnaires auprès des banques.

Parmi les choses obtenues également : la fin du recensement des fonctionnaires lancé pendant la grève. Les syndicats veulent bien un audit, mais à condition d’y participer. Toutefois l’accord suscite scepticisme et critiques, en particulier sur le règlement des problèmes qui ont déclenché la grève.

Au-delà de la défiance envers un gouvernement suspecté de ne pas vouloir appliquer cet énième accord, les critiques portent surtout sur le fond.

Concernant les abattements des salaires qui amputent les revenus des fonctionnaires, l’accord parle d’étudier des « alternatives crédibles » à cette mesure. « Les parties prenantes se pencheront sur le manque à gagner et la possibilité de remboursement après l’embellie », dit le texte. Formule vague qui laisse la place à diverses interprétations. Pour Michel Barka, président de l’Union des syndicats du Tchad, c’est un engagement de la part du gouvernement. « Le fait que le gouvernement accepte de nous rembourser ce qu’il a coupé, pour nous c’est une victoire. Et le gouvernement a signé ! Il ne peut pas dire demain non, je ne vous rembourse pas ». Mais le gouvernement n’a pas donné de calendrier ou d’échéance pour cette embellie, donc cela pourrait être dans un, deux ou trois. « Ah non, il n’en est pas question, coupe Michel Barka, les travailleurs sont vigilants pour cela. Je vous assure qu’on ne va attendre. Le président de la République lui-même, qui a suivi de bout en bout les négociations, s’est engagé à être garant de l’application de cet accord. C’est très important pour nous ! La signature de cet accord, dès que ça va clocher, nous allons l’interpeler. Si le gouvernement ne respecte pas cet accord, nous allons réagir immédiatement. Cet accord nous oblige à surveiller les activités du gouvernement quotidiennement. »

Les 31 000 fonctionnaires tchadiens qui n’avaient pas perçu leurs salaires du mois de février, ont commencé à être payés ce samedi, mais avec des coupures opérées par les banques qui, contrairement à l’accord signé mercredi entre le gouvernement et les syndicats, n’ont pas observé le moratoire de trois mois (février, mars et avril) qui leur signifié avant de se faire rembourser leurs prêts.

Arrivés aux guichets de banques ou devant les distributeurs automatiques, beaucoup de travailleurs ont eu l’amer constat que leurs salaires ont été ponctionnés. « J’ai trouvé que 24 00 FCFA dans mon compte. Tout est coupé par la banque », se plaint un fonctionnaire devant une banque à N’Djaména.

Selon le chef d’agence d’une banque contacté par APANEWS, la soustraction du crédit a été déjà programmée. « Dès que le compte du client est alimenté, la coupe s’opère automatiquement. On ne peut pas arrêter le processus pour le moment. Mais, peut être le gouvernement trouvera un compromis avec les banques pour suspendre le processus », a déclaré ce responsable d’une agence bancaire à N’Djaména.

Avec le non respect du moratoire par les banques, les fonctionnaires se demandent s’ils pourront reprendre le travail lundi.

Interrogé à ce sujet, le secrétaire général adjoint de la Confédération internationale des syndicats du Tchad (CSIT), Mahamat Nasradine, a, d’abord, lancé : « on verra bien cette situation ». Puis, il a ajouté : « Il faut que les choses soient précisées avant toute reprise du travail lundi. Les banques n’ont pas respecté le moratoire et on ne sait pas pour le moment le pourquoi ».

TchadConvergence avec RFI et APANEWS

 

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1 Commentaire

  • Avocksouma Djona

    Les banques ont leur logique propre. Ce sont des commerçants qui empruntent eux-mêmes de l’argent auprès d’autres banques qu’ils prêtent aux consommateurs. Je ne vois comment une banque comme la SG va convaincre son débiteur qui est en France d’être compréhensif par rapport à ce qui se passe au Tchad. Je crois qu’avant toute décision, une discussion franche devait d’abord être entamée avec les banques avant de prendre ce genre de dispositions qui n’engagent que le gouvernement et la centrale syndicale. Je ne vois vraiment comment les banques vont obtempérer à une telle décision.

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