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Tchad: témoignage de la CPDC à l’occasion des obsèques de feu Ali Gabriel Golhor

COORDINATION DES PARTIS POLITIQUE POUR LA DÉFENSE DE LA CONSTITUTION (CPDC)
TÉMOIGNAGE A L’OCCASION DE LA CÉRÉMONIE D’INHUMATION DE FEU ALI GABRIEL GOLHOR

ALI GABRIEL GOLHOR que nous conduisons aujourd’hui à sa dernière demeure, était le Porte-parole de notre coalition, la CPDC, jusqu’aux derniers instants de sa vie. A ce titre, sa famille nous a fait l’honneur de nous permettre de porter témoignage sur la vie combien exemplaire de ce digne fils du Tchad.

Mais, parlant de témoignage, est ce qu’il y a un témoignage plus éloquent que la présence massive des hommes et des femmes, venus de divers horizons et de diverses obédiences, qui ont tenu à accompagner ALI GABRIEL GOLHOR à sa dernière demeure ? Votre présence, mesdames messieurs, chers frères et sœurs, illustre à merveille le message que la CPDC voudrait vous livrer. Oui, nous avons, par cette foule compacte, la preuve que ALI GABRIEL GOLHOR qui nous a quittés le 09 août 2018, n’appartient pas seulement à sa famille ou à sa famille politique, mais bien à chacun de nous tous ici présents, et au-delà au pays tout entier. Sa disparition est une immense perte pour sa famille biologique bien sûr, mais aussi pour ses amis, pour son parti la CDF, pour la CPDC mais surtout pour le Tchad, car ALI GOLHOR est un militant, un homme de principes et de convictions.

Oui, ALI GABRIEL GOLHOR restera pour la postérité, d’abord et avant tout, une fabuleuse expérience, une fabuleuse leçon de lutte : lutte syndicale en milieu estudiantin et parmi les travailleurs, mais surtout lutte politique qu’il a menée jusqu’aux dernières heures de sa vie.

Parti en Belgique, puis en France pour des études supérieures, ALI GABRIEL GOLHOR découvre les organisations des étudiants d’Afrique Noire qui se battaient bien au-delà de la défense des intérêts corporatistes, pour la libération et l’émancipation de l’Afrique en butte au colonialisme, au néocolonialisme, à l’impérialisme.

Il s’engage, y prend une part déterminante au point de devenir le Président de l’Association des Stagiaires et Etudiants Tchadiens en France (ASETF), section tchadienne de la célèbre FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France).

Cela ne l’empêchera cependant pas de poursuivre des solides études en économie. Et, c’est nanti de son diplôme d’économiste qu’il rentre au pays pour le servir. Des cadres de son envergure étaient alors rares et donc recherchés en particulier dans le secteur privé. ALI GABRIEL GOLHOR fut rapidement repéré par la compagnie pétrolière SHELL qui le recruta et en fit un des dirigeants de sa succursale au Tchad. Là, il est immédiatement frappé par les inégalités dans les traitements des travailleurs nationaux. Loin de se complaire dans sa situation qui lui conférait des avantages certains, il organisa la lutte des travailleurs de la société qui aboutit au doublement de leurs salaires et à l’amélioration de leurs conditions de travail.

ALI GABRIEL GOLHOR, à contrario, récoltera les pires ennuis de la part de SHELL qu’il finira par quitter.

L’histoire tumultueuse du Tchad a conduit bon nombre de cadres à quitter le pays. ALI GABRIEL GOLHOR, lui, a fait le choix périlleux de rester au Tchad pour prendre une part active au combat contre les forces d’asservissement. La dictature implacable de HISSEIN HABRE le contraint néanmoins à l’exil à Brazzaville. Mais qui dit que ALI GABRIEL GOLHOR a renoncé à la lutte ? Bien évidemment, non ! C’était simplement reculer pour mieux sauter. C’est ainsi qu’il participa à la création du Mouvement du Peuple pour la Révolution (MRP) dirigé par le feu le Général Kamougué. Il en était le Trésorier Général.

Avec l’avènement de la démocratie, ALI GABRIEL GOLHOR retrouve son milieu naturel. Il aimait à rappeler que les débats au sein des associations estudiantines pouvaient durer des journées et des nuits entières, et qu’il avait eu à diriger de tels débats. C’est donc tout naturellement que ALI GABRIEL GOLHOR créa son parti politique, la Convention pour la Démocratie et le Fédéralisme (CDF).

Elu aux élections législatives il devint député à l’Assemblée Nationale en 2002. Dans cette institution, il fit un passage remarquable et remarqué, jouant le rôle qui était le sien, celui de représentant actif du peuple. Là aussi, il ne se fit pas que des amis. Il confiait que certains membres du gouvernement d’alors lui en voulaient par ce qu’il les avait interpelés. Au Tchad d’aujourd’hui, ceux qui tiennent leur mandat du peuple rechignent pourtant à lui rendre compte. ALI GABRIEL GOLHOR fut donc un député dérangeant.

ALI GABRIEL GOLHOR fut, en 2004, membre fondateur de la CPDC qui comptait à sa création près d’une trentaine de partis. Beaucoup ont trouvé le chemin de la lutte long et ont bifurqué. ALI GABRIEL GOLHOR, non seulement n’a pas bougé, mais il joua un rôle prépondérant au sein de notre coalition.

Ainsi, il a été l’un des représentants de la CPDC au dialogue qui a abouti à l’Accord politique du 13 août 2007 et au Comité de Suivi dudit Accord. Il assura à plusieurs reprises la présidence tournante de ce Comité.

En 2013, ALI GABRIEL GOLHOR fut désigné Porte-parole de la CPDC. A ce titre, il conduisit la délégation de notre coalition aux négociations qui ont abouti à un accord avec le gouvernement au terme duquel la CPDC entra au Cadre National de Dialogue Politique (CNDP). Il fut successivement Vice-président puis Président de cet organe. Après un intermède de deux ans, il redevient Porte-parole de la CPDC fin 2017. C’est donc son Porte-parole en titre que la CPDC a perdu ce 09 août 2018.

ALI GOLHOR, c’était une allure. Allure nonchalante, allure impériale diront certains.

Par sa longue barbe qui a blanchi au fil des ans, certains l’appelaient Sam Nujoma, d’autres Castro ou Samora Machel.

ALI GOLHOR était tatillon dans le maniement des chiffres, dans la tenue des registres de comptabilité, et même dans la rédaction.

ALI GOLHOR, c’était un style, un caractère. Il n’aimait pas les compromis vaseux ; il ne laissait personne indifférent. ALI exprimait crument ses opinions et celles de ses camarades de la CPDC. Quand il prenait la parole, y compris devant les plus hautes autorités du pays, chacun retenait son souffle, les uns souriaient, les autres montraient une évidente crispation, dans l’attente des vérités qu’il va asséner. Pour le pouvoir, il était un interlocuteur inconfortable. ALI GOLHOR était dérangeant. C’était un insoumis.

ALI GOLHOR, tu nous quittes au moment où notre pays tangue, vacille, en dépit de la fausse assurance qu’affichent les gouvernants. Nous, tes compagnons, t’assurons de notre détermination à tenir le gouvernail de la CPDC afin qu’elle contribue de façon déterminante à la sempiternelle quête de la paix de l’ensemble de notre peuple, à la sempiternelle quête de la prospérité et de la démocratie.

ALI GABRIEL GOLHOR L’INSOUMIS, VAS ET REPOSE EN PAIX !

Par Poddi Djimé Bichara, Porte-parole adjoint de la CPDC

 

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