jeudi, mars 28Covid-19: 3419 cas, 2544 guéris, 121 décès.
Shadow

Tchad: « Ni oro lekoum hak ! Damboula Hanakoum ! », les insultes vulgaires et homophobes du Maréchal Idriss Déby à l’endroit des opposants en exil

Une insulte prononcée par le candidat Idriss Déby lors de son premier meeting de campagne pour la présidentielle du 11 avril 2021, dimanche au stade Idriss Mahamat Ouya de N’Djamena, a mis en colère l’opposition et la société civile. Une expression vulgaire en arabe local qualifiée d’«insultant» que l’on ne peut décemment traduire.

L’opposition ne décolère pas depuis deux jours. Elle dénonce des propos « insultants et méprisants ».

« Ni ori lekoum hak !!! Damboula hanakoum !!! («Je vous envoie chier !!! Je vous encule») avait clamé le candidat Idriss Déby, des propos qui rejaillissent sur tout le peuple tchadien.

Socialement, les termes « enculé », « je vous encule » sont des insultes d’hommes destinées à d’autres hommes. Quand on dit « enculé », « je vous encule », on songe à une pratique sexuelle qui est la sodomie. Pour le dictionnaire Larousse, comme pour l’Académie française, ce mot est un « terme injurieux pour marquer le mépris que l’on a de quelqu’un ». Le mot « enculé » est défini par le dictionnaire Petit Robert comme un terme vulgaire visant à décrire « un homosexuel passif ». L’injure est donc homophobe et sexiste, car c’est « la passivité supposée de la personne qui est enculée, qu’il s’agisse d’une femme ou d’un homme, qui confère à ce nom une dimension insultante », selon un avocat.

« Ce n’est pas croyable, un chef d’État ne peut pas dire des choses pareilles. Ils nous insulte tous. Moi, je prends ça sur moi, je me lave la main avec. Ca ne se dit pas », commente Ngarledji Yorongar.

 L’opposant Laokein Kourayo Médard, président de la Convention Tchadienne pour la Paix et le Développement (CTPD), qui a traduit l’expression arabe en français, se dit indigné par les propos du maréchal du Tchad.

Mahamat Ahamat Alhabo, lui, parle d’une tentative de diversion de la part d’Idriss Déby afin de faire oublier trente années d’échec passées au pouvoir.

« Pendant qu’il faisait son meeting, la ville était dans le noir. On n’avait pas d’eau dans le robinet. Voilà le vrai bilan. Il devait en parler, il devait expliquer aux gens ce qu’il a fait de tout l’argent de l’exploitation et de la vente du pétrole. Au lieu de parler de ces choses-là, cette vulgarité. Je trouve ça pitoyable. »

Réaction du camp présidentiel rapportée par RFI: « il ne faut pas sortir ce terme de son contexte », explique Jean-Bernard Padaré, le porte-parole du parti présidentiel et de la campagne électorale d’Idriss Déby. Il rappelle que le maréchal-président parlait des opposants en exil. « Ce n’a rien d’insultant pour quiconque a vécu ou vit au Tchad. Donc ces apatrides, ou ces antipatriotes là font feu de tout bois pour salir l’image du Tchad. Le président de la République, candidat du consensus, a voulu simplement dire en ces termes : « arrêtez de fantasmer, le Tchad n’est pas à vendre ».

Mais le journaliste François Djékombé a une autre analyse. « Quand on réécoute le discours haineux de Déby, les injures commencent juste avant « les officines étrangères », alors est-ce qu’on peut parler de la diaspora comme « officines étrangères » ? N’est-ce pas les ambassades occidentales que le Maréchal insulte et pour des raisons qu’on pourrait aisément imaginer ? », s’interroge François Djékombé, président du parti Union sacrée pour la République (USPR). Jean-bernard Padaré aurait fait avaler la couleuvre aux gens de RFI, comme quoi Déby s’adresse à la diaspora tchadienne en injuriant « Damboula », a-t-il poursuivi.

Mais rien à faire pour le moment, des milliers d’internautes continuent de se déchainer sur les réseaux sociaux depuis dimanche.

TchadConvergence avec RFI

Merci de partager cet article...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.