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Tchad: le Président Idriss Déby interpellé par la Croix rouge internationale sur la situation alarmante dans les prisons et bagnes du pays

Au Tchad, la situation carcérale est telle que le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a été amené à interpeller le Président Idriss Déby pour lui faire part de ses vives inquiétudes sur les conditions de détention dans les différents maisons d’arrêt et bagnes du pays.

Le chef de délégation du CICR au Tchad, Yann Bonzon a évoqué le sujet avec le Président Idriss Déby, lors d’une audience au Palais rose, suite à une évaluation par le CICR des conditions de détention et de traitement des personnes privées de liberté.

L’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis plus de 28 ans a tenté de rassurer le CICR en déclarant que son gouvernement prend au sérieux la question de l’amélioration des conditions de détention dans les maisons d’arrêt.

Deux jours après cette audience, ce vendredi 20 juillet, le Président Déby s’est rendu sur le chantier de construction de la nouvelle maison d’arrêt de N’Djamena, située à Klessoum, à une vingtaine de kilomètres à la sortie sud-est de la capitale.

Sur un terrain d’une superficie de 3,5 hectares, la pose de la première pierre de construction a eu lieu le 4 novembre 2013. 5 ans après, les travaux ne sont exécutés qu’à 43%. Pourtant, l’entreprise en charge de l’exécution des travaux a encaissé 48% du coût global des travaux qui s’élève à 3 milliards 217 millions de F CFA, financé sur fonds propres de l’État.

La construction de la maison d’arrêt devrait normalement prendre fin, au plus tard, en mai 2015. La société qui a reçu plus de 1,5 milliards FCFA de l’État a pris 3 ans de retard, provoquant la colère du dictateur.

Sur place, Idriss Déby a constaté « tout un festival de malfaçons ». La première la plus visible est la conception de la clôture. La fondation du mur de 4m est faite à fleur le sol, une partie en béton armé et le restant en briques.

Le Président Idriss Déby sur le chantier de construction de la nouvelle maison d’arrêt à Klessoum.
  • « Pourquoi avez-vous fait cela ? », interroge le despote tchadien. On dirait qu’il venait de découvrir son système.
  • « Cela est contenu dans le cahier de charge des travaux », répond l’ingénieur des travaux de la société.

Il s’est ensuite tourné vers le responsable du bureau d’études SICAM :
« Pourquoi avez-vous laissé faire cette malfaçon ? » ;
« J’avais fait la remarque en son temps, mais cela n’a pas été prise en considération », répond lui-même à sa question.
– « Je ne suis pas du domaine, mais cette bourde doit être réparée à la charge de l’entreprise bien sûr », tranche-t-il.
– « Vous avez reçu 48% des 3 milliards 217 millions de F CFA, montant total des travaux. Vous devez livrer cette maison d’arrêt en 18 mois, nous sommes à 5 ans. Quel est le problème ? On ne peut encaisser 48% de l’enveloppe et exécuter les travaux à 43 % ».
« Je vois quatre brique posées par ci, deux par là, cela veut dire que vous êtes en arrêt depuis belle lurette. Je suis passé la semaine dernière ici, il n’y avait personne sur le chantier », précise pour sa part, le ministre de la Justice, Djimet Arabi.
« Toutes les malfaçons constatées doivent être reprises et chaque partie doit assumer sa responsabilité », conclut Idriss Déby.

On verra dans deux ans si ces paroles seront suivis d’effets.

En effet, le 18 novembre 2017, lors d’une visite inopinée à la maison d’arrêt d’Am-Sinéné à N’Djamena, le président s’était dit choqué des conditions de détention. Il avait même ordonné la libération de détenus.

L’ancien ministre de la Justice, Ahmat Mahamat hassan avait dénoncé la promiscuité, le manque d’hygiène corporelle, vestimentaire et alimentaire des prisonniers et le caractère combien insalubre des prisons.

Mais, rien n’a changé, au contraire, la situation s’est gravement détériorée depuis lors.

La lenteur judiciaire fait que beaucoup de personnes, considérées comme des présumés innocents, croupissent depuis 2 ans à 3 ans, certains 5 ans à la sinistre prison d’Am-Sinéné car les dossiers ne sont jamais examinés.

TchadConvergence avec Alwihdainfo
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