Tchad: lancement des travaux de construction d’un important dépôt pétrolier à Djarmaya
Le Tchad a lancé mercredi la construction d’un premier dépôt pétrolier pour stabiliser les prix du pétrole dans le pays, lutter contre la fraude au carburant et éviter les pénuries.
Ce dépôt permettra « non seulement d’avoir un prix fixe sur l’ensemble du pays mais, surtout, de lutter contre la fraude au carburant à l’importation ou l’exportation », a déclaré le président Idriss Déby en posant mercredi la première pierre pour cette construction.
Situé à 35 km au nord de la capitale, N’Djamena, à proximité de la raffinerie de Djarmaya, le dépôt pourra éviter les pénuries en garantissant « l’approvisionnement du Tchad pendant deux ans au cas où la raffinerie (du pays) connaîtrait des problèmes », a-t-il ajouté.
D’une capacité de 36 millions de litres dont 20 millions de gasoil, 10 millions d’essence et 6 millions de Jet A1, ce dépôt est le premier du genre dans ce pays pétrolier d’Afrique centrale.
En janvier, les transporteurs s’étaient mis en grève pour protester contre l’augmentation du prix du carburant à la pompe.
La construction du dépôt coûtera environ 13 milliards de francs CFA (près de 20 millions d’euros) et les travaux dureront 18 mois, selon les autorités.
Ce dépôt marque aussi la naissance d’une nouvelle société, la Société nationale des dépôts pétroliers (STDP), filiale de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT).
Il sera relié par trois pipelines dédiés aux produits respectifs à la raffinerie de Djarmaya, exploité depuis 2011 par la société chinoise CNPC (60%) et la SHT (40%).
Ce dépôt va engendrer 250 à 300 emplois durant sa phase de construction et emploiera en permanence plusieurs dizaines de jeunes tchadiens en direct, selon le directeur général de la SHT, Tahir Hamid Nguilin.
La construction sera effectuée par la société française Parlym international, sous supervision de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), société étatique supervisant la production et la commercialisation du brut tchadien.
Pays « devenu très dépendant » du pétrole depuis 2003, selon la Banque mondiale, le Tchad a subi les conséquences de la chute du prix du baril en 2014, qui a remonté légèrement en 2018.
Au Tchad, le secteur pétrolier a été pointé du doigt pour son manque de transparence par l’ONG Swissaid dans un rapport publié en juin.
L’auteur du rapport, Lorenz Kummer, y a dénoncé « l’opacité de SHT, une structure qui ne publie pas ses comptes et n’est soumise à aucun audit externe ».
Dans un appel à l’AFP, la SHT a apporté un démenti aux propos de M. Kummer, indiquant que la société étatique publiait ses comptes sur internet. Les comptes des années 2015 et 2016 étaient en ligne mercredi.
Le rapport a souligné aussi le manque de « transparence » de la compagnie pétrolière Glencore, présente au Tchad depuis 2013, et avec qui N’Djamena a renégocié en février une lourde dette étatique de 1,36 milliard de dollars vis-à-vis de cette société, un chiffre qui équivaut à environ 15% du PIB du Tchad.
TchadConvergence avec AFP