Ces derniers temps, la capitale tchadienne retrouve une nouvelle forme d’insécurité généralisée, entretenue par une force du troisième degré au vu et su de tous les services de renseignement militaire et de l’Agence Nationale de Sécurité (ANS), sans qu’aucune décision ne soit prise pour mettre un terme à cette myriade de bavures qui sèment la psychose dans l’esprit de la population.
Il s’agit bien des agissements de la force d’appui aux régies financières, une unité d’élite de la garde présidentielle composée de 500 éléments détenant 36 véhicules Toyota tout terrain. Cette force a été mise à la disposition du ministère des Finances et du Budget en février dernier pour aider l’État à mobiliser et sécuriser les recettes financières.
La force d’appui se détourne de sa mission initiale qui lui a été assignée par l’État pour se livrer à une véritable chasse aux sorcières tant dans la ville de N’Djamena que dans certaines provinces. Elle traque, humilie, spolie, inflige des traitements inhumains et à la fois dégradants à des paisibles citoyens pour s’emparer de leurs provisions ou marchandises dignement achetées dans les différents marchés de la capitale que celle-ci assimile comme de produits de la contrebande.
Il y a quelques jours, un motocycliste a été pourchassé par un véhicule de la force d’appui aux régies financières sur la Place de la Nation. Les militaires ont réussi à renverser le jeune homme et à s’emparer de sa moto. Le véhicule d’un particulier en provenance du centre ville et transportant deux fûts de gasoil a été intercepté sur la route de Farcha par deux véhicules de la force d’appui aux régies financières. Là, encore, les militaires se sont emparés des deux fûts de gasoil pendant que le propriétaire cherchait vainement à présenter les factures d’achat du carburant pour justifier qu’il ne s’agit pas de la contrebande. Peine perdue.
Les petits commerçants qui transportent des marchandises sur leurs engins à deux roues, font l’objet de harcèlement et de spoliation de leurs biens par la force d’appui.
Le délégué de quartier Ardebtiman à Farcha, Koti Bagal, a été tabassé par les éléments de cette force d’appui lorsqu’il a tenté de protester contre le tir effectué par les militaires pour neutraliser un gros porteur qui transportait du foin pour ses animaux. Cette force est impliquée dans plusieurs exactions qui ne peuvent en aucun cas être justifiées et qui ont entraîné la mort de certains tchadiens.
Si l’État ne met pas en garde pour rappeler à l’ordre cette fameuse force d’appui aux régies financières, elle va multiplier les bavures qui vont continuer à endeuiller des familles et frustrer la population. Celle-ci, y en a marre de cette insécurité sciemment entretenue par cette force dirigée par son coordinateur, le colonel Adam Souleymane Dicki, fils de la sœur cadette du Président Idriss Déby Itno et par ailleurs, neveu préféré du chef de l’État. Une unité d’élite de la garde présidentielle ne doit pas perturber la quiétude de la population N’djamenoise en toute impunité.
Par Djimet Wiche Wahili, journal Alwihdainfo