Après son intervention sur RFI au sujet de l’amnistie générale prônée par le Président tchadien Idriss Déby, l’ex-ministre des affaires étrangères Acheikh Ibn-Oumar serait-il sur le point de rentrer au bercail ? Rien n’est moins sûr.
Dans une interview à RFI, l’ancien chef rebelle du Conseil démocratique révolutionnaire (CDR) avait déclaré que l’amnistie prônée par le Président Idriss Déby « ouvre un petit espoir même si c’est loin d’être suffisant pour résoudre tous les problèmes ».
En effet, il faut dire que depuis la guerre de février 2008, Acheikh Ibn-Oumar et d’autres chefs rebelles sont poursuivis par la justice Débyenne pour rébellion armée. « Oui, on a été condamnés à mort pour les uns, à vie pour les autres. Des biens, pour certains, confisqués. De ce point de vue, l’amnistie face à cette condamnation, même si elle était discutable, nous permet au moins de ne plus être considérés comme des hors-la-loi et de participer de façon plus fluide aux débats politiques », a-t-il déclaré à RFI.
Pour Acheikh Ibn-Oumar, l’amnistie lui permettra de circuler librement et éventuellement participer à la lutte politique à l’intérieur du pays car il dit qu’il a « tourné la page de la lutte armée depuis 2011 ».
Mais, de là croire que l’opposant au régime d’Idriss Déby depuis 25 ans « rentre au pays sans condition », c’est prendre des vessies pour des lanternes.
Ou bien c’est une manœuvre pour annoncer les couleurs ?
En effet, un communiqué du Président Idriss Déby Itno (IDI), publié sur le site du Palais rose, annonce que « Son Excellence salue l’engagement fraternel, responsable et constructif de Monsieur Acheikh Ibn Oumar de vouloir regagner, sans condition, le pays après tant d’années d’exil à l’étranger ». Par ce communiqué avant l’arrivée de l’opposant, l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis plus de 28 ans cherche-t-il à prévenir qu’il n’accepte aucune opposition à l’intérieur du pays et que collaborer est la seule voie à laquelle doit s’attendre Acheikh Ibn-Oumar ?
Mais, Acheikh Ibn-Oumar a, semble-t-il, rétropédalé en précisant sa position: « un de mes buts, c’est de raviver un vrai débat, à partir du constat. Tout le monde a toujours parlé de la réconciliation et de la paix, mais les conditions ne sont jamais réunies ». Si l’objectif de l’interview d’Acheikh Ibn-Oumar à RFI est de « raviver le débat » pour un dialogue inclusif au Tchad, c’est loin d’être un ralliement « sans condition » et IDI ne doit pas chercher à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
TchadConvergence