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« Moi, Ngadatna, le fils opposant » (Roman du Pr Djona Atchénémou Avocksouma)

« Pour une fois, je crois que tu as raison, reprit mon père avec une colère noire. Je me disais que le genre de personne comme toi ne devrait pas penser à la progéniture. Pour engendrer quoi, hein ? Un autre monstre comme toi ?
Tu es déjà un raté complet
Quel type d’enfant devrait te succéder un jour, hein ? Comme ça, on arrête les frais, et on ne contribue plus à reproduire une race pareille. Le perdant de la vie, voilà exactement ce que tu es. A mon avis, avoir une descendance de toi, c’est avoir des flemmards, des incapables, des queutards, des raclures abruties, des allumeurs, tu es soulard comme une mouche de Moursal.
La réponse du fils est plus cinglante encore : Papa me traitait de bon à rien, un inexistant, un idiot, un microbe. Mais comment peut-on penser et n’est pas être, hein ? On n’a pas à être un René Descartes pour le crier haut et fort : « je pense, donc je suis ». Moi, Ngadatna, un microbe, qui peut le croire ? Certes, papa n’était pas un biologiste ou médecin, mais il devait comprendre qu’il n’y a pas plus actif, intelligent et dribbleur qu’un microbe. Il n’avait qu’à demander son avis à monsieur Ebola et autres bactéries tueuses en masse pour s’en rendre compte. Si j’avais connu mon père avant de naître, je le jure, je n’aurais jamais accepté de venir au monde. J’aurais même préféré me faire avorter. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi on ne m’avait pas donné à une autre famille, plus cool que la mienne. Et pendant qu’on y est, pourquoi n’avoir pas été adopté par un couple de lesbiennes, hein ? Deux mères, ça serait vraiment chouette, n’est-ce pas ? Mais manque de pot, je tombe dans une famille classique, avec un père qui se prend pour le nombril du monde, un père qui croit avoir été choisi par le Dieu en personne pour résoudre toutes les misères du monde ».

Ce nouveau roman du Professeur Avocksouma peut être commandé en librairie.
Djona Atchénémou Avocksouma est un enseignant de rang magistral à l’Université de N’Djaména. Il fut plusieurs fois ministre au Tchad et a déjà écrit:

« Enterrons l’enfant de la veuve avec sa mère. Orphelin en pays tchadien » en 2013. C’est un récit autobiographique.

« Golblogongui et son château de Sabangali » en 2015. C’est une nouvelle.

« Le Ministre ouvrier » en 2017 avec une préface de Bernard Comby, ancien conseiller d’État suisse.

Invité par le magazine « Entre Les Lignes », il revient sur les raisons qui l’ont poussé à écrire « Ngadatna, le fils opposant ».

TchadConvergence

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