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La Déclaration universelle des Droits de l’Homme aura 70 ans: où en est-on au Tchad ?

Le 10 décembre 1948, les 58 États membres qui constituaient l’Assemblée générale des Nations-Unies ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme. La Journée internationale des Droits de l’Homme est donc célébrée chaque année le 10 décembre partout dans le monde.

«Où commencent les droits universels, après tout ? Ils commencent près de chez soi, en des lieux si proches et si petits qu’on ne peut les voir sur aucune carte du monde. […] Si dans ces lieux, les droits sont dénués de sens, ils n’en auront guerre davantage ailleurs. Si chacun ne fait pas preuve du civisme nécessaire pour qu’ils soient respectés dans son entourage, il ne faut pas s’attendre à des progrès à l’échelle du monde». (Eleanor Roosevelt, présidente du comité de rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme).

C’est au Palais de Chaillot à Paris qu’ont été adoptées la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 et la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Plusieurs articles de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 ont été repris de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 qui est un texte de la révolution française. Paris a donc une place naturelle et légitime, et quand il y a une atteinte aux droits de l’Homme n’importe où dans le monde, on se tourne vers la France, c’est normal.

Mais en 2017, peut-on dire que le pouvoir exécutif français veille à l’image même de la France et à son statut de patrie des droits de l’Homme ? Cette question peut légitimement être posée quand la France maintient sans faillir son soutien complice aux dictateurs africains comme Idriss Déby Itno du Tchad.

Après 27 ans de pouvoir sans partage et après avoir reporté sine die les élections législatives et verrouillé tout le processus démocratique dans notre pays, le président Idriss Déby est sur le point d’entreprendre des nouvelles réformes institutionnelles majeures afin de renforcer et perpétuer un système basé sur la terreur, l’humiliation, la corruption, le clientélisme, le népotisme et la gabegie où aucune voix discordante n’est tolérée et où les arrestations, disparitions forcées, séquestrations et tortures d’opposants se sont multipliées depuis l’élection présidentielle d’avril 2016. Tous les droits de l’homme sont actuellement bafoués dans notre pays où la moindre manifestation pacifique, même syndicale, même contre les violences faites aux femmes au Tchad, est réprimée dans le sang. Il n’y a qu’à lire le Rapport 2016 sur les Droits de l’Homme de l’ambassade des États-Unis au Tchad et le Rapport Tchad 2016/2017 d’Amnesty International pour se rendre compte de l’état des Droits de l’Homme au Tchad.

Prétendre que seuls ces dictateurs peuvent garantir la stabilité de la région et la sécurité de la France est une grave erreur qui portera à terme préjudice à l’image de la France et son influence sur le continent. Le refrain du «rempart contre le terrorisme dans la région» ne peut plus continuellement servir de prétexte au maintien du statu quo politique au Tchad quand l’administration américaine a classé notre pays sur une “liste noire” pour hébergement des terroristes et manque de collaboration avec Washington dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.

Nous autres démocrates Tchadiens considérons que les Droits de l’Homme sont universels et éternels et ne sont pas négociables. La France doit donc être ferme et se montrer intraitable dans les valeurs liées à sa tradition d’humanisme et de lumière. Elle a tout à gagner à encourager l’arrivée d’une nouvelle génération sur la scène politique africaine.

Dr Moussa Pascal Sougui
Secrétaire général du CNRD-TCHAD

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