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La classe politique sort de son silence sur la guerre de l’or au Tchad: des députés appellent à la fin des hostilités à Miski

Au trente-cinquième jour de l’attaque que mène l’armée tchadienne contre les habitants du village de Miski dans l’extrême-nord du Tchad, pas de combats au sol mais des bombardements aériens sporadiques des refuges des civils dans les grottes et des véhicules civiles sur les routes. La situation reste très tendue dans tout le Tibesti, où des appels à la mobilisation ont été lancés, et pourrait basculer d’une minute à l’autre.

Plus de 2500 civils sont assiégés à Miski depuis plus de 3 mois par l’armée et manquent de tout pour s’alimenter, se soigner, se couvrir du froid la nuit dans les grottes car fuyant le bombardement aveugle de l’aviation. Les soldats du régime de N’Djaména se sont regroupés au ouadi Dowor, à une cinquantaine de kilomètres de Miski et contrôlent les grandes axes routiers menant au village. Après la cuisante défaite de ses troupes au sol, l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis 29 ans a adopté la stratégie du siège et de la famine dénoncée par les ressortissants du Borkou-Ennedi-Tibesti (B.E.T). « En imposant des sièges à des zones d’habitations des civils afin d’affaiblir la capacité de résistance des hommes du comité d’auto-défense de Miski, en se servant de la faim comme d’une arme de guerre et bloquant ou restreignant arbitrairement l’accès aux produits de première nécessité, en contraignant à vivre dans des conditions très dures ou en forçant à des déplacements massifs, en empêchant également les organisations humanitaires d’entrer dans les zones assiégées, le gouvernement tchadien adopte une stratégie qui s’apparente à des crimes contre l’humanité », a déclaré un comité des cadres du B.E.T.

Dans un communiqué posté sur Twitter ce mardi 27 novembre, le Comité d’auto-défense de Miski « informe l’opinion nationale et internationale que l’armée d’Idriss Déby continue de miner toute la région du Tibesti. Ces dernières 48h, l’axe Miski-Yorobo-Onour a été miné».


Mais, cette nouvelle stratégie de l’armée étonne beaucoup les observateurs militaires, étant donné le contexte particulier dans le Tibesti où même les chèvres se sont entrainées pour repérer et déminer les engins explosifs à l’aide de leurs sabots. Ces mines vont certainement aller renforcer l’arsenal militaire du comité d’auto-défense de Miski.

Sur le front politique, plusieurs leaders des partis politiques ont dénoncé et appelé à l’arrêt immédiat de la « guerre contre la population de Miski ». Pour Max Kemkoye de l’Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP), «la revendication de Miski est légitime et le pouvoir doit entendre». Le chef de file de l’opposition tchadienne, le Député Saleh Kebzabo a déclaré à RFI que « le Président Déby, en faisant de la guerre au nord une affaire vraiment personnelle, est en train d’aggraver la situation. Il est dans une erreur grave. C’est même une faute politique qu’il est en train de commettre, en excluant pratiquement tout le pays de ce qu’il est en train de faire. On n’a même pas droit à l’information. Tout le monde se demande ce qu’il se passe ».

A l’initiative du Député Saleh Makki qui préside le groupe parlementaire « les Démocrates » à l’Assemblée nationale, plusieurs députés ont appelé à la cessation des hostilités et à se rendre dans le Tibesti. Saleh Makki a confié ce matin à RFI que les « raisons du mécontentement des populations du Tibesti, ayant conduit aux hostilités en cours, se situent à deux niveaux : un découpage administratif contesté et l’intention du gouvernement d’exploiter l’or découvert il y a peu dans cette partie du territoire dans des conditions que les autochtones n’approuvent pas ».

« Nous voulons aller sur place. Il faut une délégation parlementaire issue de toutes les sensibilités de l’Assemblée, écouter la population et prendre leurs revendications s’il y en a, les apporter ici et en discuter avec l’exécutif pour absolument ramener le calme dans cette partie de notre pays. Nous sommes pour l’arrêt immédiat de toute hostilité des deux côtés pour nous permettre d’intervenir. Sinon, nous ne pourrons pas intervenir et il faut absolument un arrêt de toutes les violences », a expliqué Saleh Makki à RFI.

TchadConvergence avec RFI

 

 

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