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Aucun dirigeant européen au sommet du G5 Sahel au Tchad: Idriss Déby est-il encore redevenu infréquentable après l’annonce de sa candidature à un sixième mandat ?

Il était annoncé mais il n’était pas venu. Le président français Emmanuel Macron n’a pas fait le déplacement à N’Djaména où s’est tenu un sommet crucial du G5 Sahel sur le terrorisme. L’Élysée a évoqué la crise sanitaire. Le chef de l’État français «ne sortira pas du territoire français» et «participera à distance» au sommet des 15 et 16 février, a indiqué la présidence française. Le déplacement est annulé «uniquement pour des raisons sanitaires», a assuré l’Elysée.

Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées qui devraient accompagner le président Macron à N’Djaména n’ont pas fait non plus le déplacement au Tchad pour représenter le Chef d’Etat français.

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Aucun autre dirigeant européen n’a fait le déplacement jusqu’à la capitale tchadienne. Pourtant, lors d’une conférence de presse commune avec le président Macron, le 5 février dernier, la chancelière Angela Merkel avait annoncé que l’Allemagne participera avec son chef de la diplomatie au sommet du G5 Sahel au Tchad. « Le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas y participera », a-t-elle déclaré. La pandémie permet de justifier assez commodément la tenue du Sommet par visioconférence.

Déby : un ami – mais pas trop – de la France

C’est également une manière, pour la délégation française, de se prémunir de toute forme d’ingérence dans les affaires de politiques intérieures du Tchad, et surtout d’éviter de répondre à des interpellations d’opposants et/ou manifestants, selon l’ONG française IRIS.

Pour la presse africaine, cette raison de coronavirus en cache bien d’autres. Pour le journal « Courrier international », Déby est un hôte embarrassant.

« Trop serait trop, pour le président français, de se rendre à N’Djamena, pendant que les manifestations contre un fossoyeur de la démocratie sont réprimées et que lui-même se trouve pratiquement à quelques pas de la présidentielle de 2021. Macron sait qu’il aura un bilan à défendre cette fois-ci, contrairement à 2017. Et l’opinion française est loin de compter pour du beurre. D’ailleurs, tout comme l’opposition, la société civile et le peuple tchadien, vent debout contre la présidence à vie du maréchal Déby, seraient bien contrariés par cette présence de Macron aux côtés de celui par qui ils sont persécutés », a analysé le site d’informations Burkinabè Wakat Séra.

« La présence, en terre tchadienne, du plus haut responsable de l’une des plus grandes démocraties au monde, aurait été d’autant plus embarrassante pour l’Elysée que depuis quelques jours, des Tchadiens bravent les matraques et les gaz lacrymogènes pour dénoncer dans la rue, le pouvoir kleptocratique, autoritaire et indécemment corrompu du désormais Maréchal Déby. C’est vrai que le soutien de la France à ce fils d’éleveur modeste qui dirige le Tchad d’une main de fer depuis 1990, relève d’un secret de Polichinelle, mais être accueilli dans une ville en ébullition et hostile à son hôte qui a opté pour des mandats à l’infini alors que la tendance est à leur limitation sur tout le continent, serait pour le moins inconvenant et incongru pour le président français. Mais l’Elysée préfère invoquer opportunément la fermeture des frontières françaises pour raison de Covid-19, pour ne pas se rendre à Ndjamena, tout en évitant le désaveu public à Idriss Deby qui, malgré ses frasques et son bilan plus que critiquable en matière de droits humains, demeure un partenaire stratégique et indispensable dans la lutte contre le terrorisme au Sahel », a écrit le quotidien burkinabè « Le pays ».

Mais, tous les quatre autres chefs d’État de l’alliance du G5 Sahel, les Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Malien Bah Ndaw, Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et Nigérien Mahamadou Issoufou, ont répondu présent pour discuter de l’avenir de la lutte antiterroriste dans leur région.

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