(N’Djaména, 13 mars 2017) – L’affaire fait grand bruit et serait, selon certaines sources, la cause du séjour actuel du chef de l’État dans son fief Amdjarass. Le Président Idriss Déby est sommé par les Itno et les bideyat en général de divorcer de la Première Dame Hinda ! Mais comment peut-on demander à quelqu’un de divorcer de la mère de ses enfants ? On dirait qu’on se moque du Sultan du Dar-Bilia.
Depuis des années déjà, le tout N’Djaména bruit de rumeurs accordant à la Première dame des pouvoirs exorbitants et une maléfique influence sur son Président de mari. On dit aussi que les plus grandes décisions prennent leur source dans son esprit et qu’elle aurait ainsi réussi progressivement à marginaliser la famille Itno de l’exercice exclusif du pouvoir d’Etat.
Sa parentèle arabo-ouaddaienne a désormais la haute main sur l’économie et les finances à travers les siens placés à la tête de toutes les bonnes affaires et surtout au Trésor pour irriguer ses comptes personnelles. Les promotions aux postes de responsabilité comme les sanctions émaneraient d’elle comme elle le fit pour débarquer Ali Haroun de son piédestal de la mairie de la capitale.
Au Gouvernement, la majorité des ministres répondent d’elle. Il se susurre au sein des officines bien informées que le retour en grâce d’un grand et important ministre du nouveau Gouvernement serait son œuvre et sur sollicitation d’une de ses grandes sœurs perchée haut par ses soins dans une importante institution régionale. Hinda, c’est Rosine Soglo et Grâce Mugabé réunies. Tout cela n’est pas nouveau et le premier de la famille à avoir compris ce danger fut le feu Brahim Déby. Madame a tout naturellement gagné la manche dans le pugilat avec le fils aîné de son mari. A ce drame, le fils effronté n’a pas survécu longtemps.
Dans ces circonstances, pourquoi devrait-elle s’arrêter en si bon chemin lorsque tout lui réussit si bien. Il y a quelques mois, la brave Hinda, sabre au clair, a lancé une véritable OPA (offre publique d’achat) contre une des principales composantes du clan Itno.
Le grand frère national, Daoussa Déby Itno, puissant homme de l’ombre du système, très craint et adulé de tous pour ses capacités manœuvrières, s’est écroulé honteusement sous les coups de boutoir de la charmante Première dame. Pris de court par la violence de l’attaque qui l’a touché jusque dans son intimité et sa dignité de père de famille, Daoussa a échappé de justesse à un infarctus cardiaque. Il se dit même que son épouse a dû renoncer au foyer. La famille Hissein Bourma a servi merveilleusement de missile imparable à Hinda pour pulvériser le foyer de Daoussa.
Alors que l’on croyait que face à la gravité de la situation, Dame Hinda mettrait un peu de l’eau dans son vin, en vraie femme de pouvoir, elle ne peut se satisfaire d’une demi-victoire. Il lui faut mettre la main sur l’ensemble de la fortune de son beau-frère, y compris celle planquée à l’extérieur du pays. C’est comme cela qu’il faut comprendre les déboires de Daoussa au Cameroun voisin où, parti pour suivre les activités de la SNER, il a été interdit de descente sur le sol camerounais. Resté dans l’avion, il s’est retrouvé à Paris. Mais rien n’est pour autant réglé pour Monsieur Daoussa qui constate très rapidement que tous ses comptes bancaires sont inaccessibles par la volonté d’une dame haute perchée. C’est une goutte de trop pour ce presque septuagénaire, ainé d’une famille qui se targue d’avoir produit l’homme qui a délivré le Tchad de la dictature de Habré. La révolution mange ses enfants, n’est-ce pas?
Revenu au Tchad, Daoussa entend laver l’affront et l’humiliation dont il est ainsi l’objet. Et pour cela, la famille Itno ne demande rien de moins que le divorce d’Idriss Déby d’avec son épouse Hinda. Et dans cette affaire, l’union des Itno et même des Bideyat serait quasi-parfaite et inquièterait sérieusement le chef de l’État. Et comme en pareille circonstance, c’est au pied de la montagne d’Amdjarass que les affaires importantes trouvent leur épilogue. Retiré là-bas pour l’ultime conseil de famille, le président de la République mobilisera une fois de plus les maigres ressources nationales pour éteindre le feu familial. Pourvu que tout cela se fasse sans grabuges.
Mais, dans tous les cas, le clan Itno n’a qu’à bien se tenir car cette dame-là a des ambitions bien chevillées à l’âme et s’en donne quotidiennement les moyens. Lorsque l’on parle actuellement de plus en plus de réformes institutionnelles avec en perspective la création d’un poste de vice-président, beaucoup de regards se tournent vers Dame Déby née Açyl.
Alors dans cette guerre de pouvoir et de sexe, bien malin qui saura en deviner le dénouement.
Par Kariba Dari, N’Djaména Bi-Hebdo n°1683 du 13 au 19 mars 2017
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