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Au Tchad, 6 jours après la suspension du service minimum dans les hôpitaux, les malades meurent sous les arbres et les enfants ne vont pas à l’école

En ce lundi matin, l’Hôpital général de référence nationale de N’Djamèna (HGRN) n’a pas son ambiance habituelle dans la mesure où l’accès est strictement interdit à toute personne, sauf les malades admis en urgence et leurs accompagnateurs.

«Tous les malades en état critique étaient, systématiquement, orientés vers l’HGRN. Mais, depuis la fin du service minimum, les salles sont presque vides», témoigne, un vigile en faction aux services des urgences.

Les cas les plus poignants sont ceux des malades déjà hospitalisés. Une infirmière stagiaire confie à ce propos : «on évacue au fur et à mesure, les malades hospitalisés. Ceux qui arrivent, on ne les reçoit pas. Nos chefs sont passés à la vitesse supérieure pour obliger le gouvernement à revenir sur sa décision».

Ces dires sont corroborés par le spectacle des patients terrassés par des maladies et qui font le pied de grue devant les centres de santé et grands hôpitaux.

«J’ai amené mon enfant souffrant mais il n’y a personne pour nous recevoir. L’infirmier de garde que nous avons rencontré nous dit qu’il n’y a pas possibilité et qu’on peut chercher dans un cabinet privé», lance, presqu’en pleurs, une jeune femme.

Beaucoup de familles n’ont pas les moyens d’aller se faire consulter ou se soigner dans une clinique privée. «La simple consultation, payer un carnet de soin et aller voir le médecin vous coûte au minimum 4 000 FCFA. Comment, peut-on aller dans une clinique dans ces conditions ? Il est impossible. Nous allons voir mourir nos malades. Que Dieu nous en préserve», s’alarme un père de famille.

Un tour fait par le reporter de Tchadinfos dans quelques hôpitaux avant la suspension du service minimum a permis de constater que la population tchadienne qui se trouve sur le lit des hôpitaux et centres de santé est vraiment malheureuse et meurt à petit feu.

A l’HGRN, au service des Pavillons des Urgences les gardes malades affirment que depuis hier leurs malades ne reçoivent pas de soins et les gardes ne sont assurées que par un ou deux stagiaires qui travaillent selon leur humeur. « Je ne sais où aller avec ma grande mère, même s’il n’y a pas de soins, je préfère qu’elle meure ici à l’hôpital que de l’amener à la maison » déclare Fatima la vingtaine révolue avec un visage crispé. Au service de la radiologie, l’on apprend que les techniciens sont en grève depuis longtemps et ne viennent qu’une fois tous les trois jours. Dans ce même service, un autre usager affirme qu’il a mis six jours avant de rencontrer un technicien très tard le soir pour filmer son genou gauche accidenté. Aujourd’hui, il revient pour voir le médecin mais la porte de ce dernier est hermétiquement fermée. Il raconte à une sage femme rencontrée dans le couloir qu’il n arrive pas à dormir la nuit tellement qu’il souffre à la tombée de la nuit. La sage femme décide de lui venir en aide mais sous quelle forme on ne sait.

De l’autre côté à l’hôpital Mère et Enfants, il y a beaucoup de patients mais pas de personnels soignants. Les gardes malades passent leur temps à taper des divers tandis que les malades souffrent dans leurs lits d’hospitalisation en attendant un médecin.

A l’hôpital Sultan Kasser situé au voisinage du grand marché, ceux qui sont venus pour les consultations repartent car, les portes sont toutes fermées. Une dame tenant un nourrisson en main qui ne cesse de pleurer se lamente dans un dialecte du sud du pays : « Que vais-je faire, je n’ai pas d’argent pour t’amener dans une clinique privée ma fille ». Le spectacle est désolant et triste à regarder. Les autres patients malgré leur état de santé essaient de calmer la pauvre dame.

A chagoua, plus précisément à l’hôpital Notre Dame des Apôtres, le service est assuré mais le nombre des malades dépasse le personnel soignant ou point que l’on est obligé de limiter le nombre de personnes à consulter. C’est vraiment difficile déclare un infirmier rencontré devant le laboratoire : « C’est triste de ne pas pouvoir soigner tout le monde. On n’a pas le choix, à l’impossible nul n’est tenu ».

En désespoir de cause, beaucoup de ménages se rabattent sur l’automédication ou les vendeurs de médicaments par terre, appelés «docteur Djim» ou «docteur Choukou». Aux centres de santé situés dans les arrondissements, les stagiaires et secouristes, auscultent ceux qui insistent à avoir des soins.

En cette période de grève, le seul grand centre hospitalier qui fonctionne normalement est l’hôpital de l’Amitié Tchad Chine (HATC). Il ne respecte pas la grève à cause des conventions signées avec quelques partenaires.

Le personnel est souvent débordé par la sollicitation des patients, surtout les femmes en couches. «Chaque jour on prend en charge des femmes enceintes. A la fin de la semaine, nous avons pris en charge une femme enceinte qui a accouché de triplés par césarienne. Imaginez, si nous ne travaillions pas. On respecte le choix des grévistes, mais, parfois, le domaine de la santé est trop sensible», affirme un médecin.

Contacté par APANEWS, un responsable de la plateforme revendicative, tout en regrettant la situation, dit que seul le gouvernement en assumera les conséquences de cette situation où des malades souffrent sans soins et des milliers d’enfants ne vont pas à l’école.

TchadConvergence avec APANEWS et Tchadinfos

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