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Tchad: comment le Qatar a tordu le bras à Idriss Déby pour faire défection et se désolidariser du camp de l’Arabie Saoudite

La renégociation des termes et conditions du prêt de 1,45 milliard de dollars accordé par Glencore au Tchad en 2014 pour l’acquisition des actifs du bassin de Doba de Chevron ont été signées à Paris. Le nouvel accord a été en grande partie rendu possible grâce à la main discrète d’un acteur clé: le Qatar.

L’effet déclencheur du Qatar
Après de vifs pourparlers début 2017, Glencore a accepté de réviser les termes de son prêt. Le 21 février, à Paris, les deux parties ont convenu d’un délai de grâce de deux ans, aucun remboursement ne sera effectué entre 2018 et 2019, un taux d’intérêt plus bas et la prolongation de la durée du prêt à 12 ans. Glencore contrôle une grande partie du secteur pétrolier du Tchad: l’entreprise commerciale vend toute la production de l’entreprise pétrolière nationale SHT ainsi que la production de ses propres champs exploités par Caracal Energy dans le bassin de Doba. Aux termes du nouvel accord, Glencore approvisionnera également la raffinerie de Djarmaya, détenue par la CNPC, en pétrole brut.

Ce résultat gagnant-gagnant pour le Tchad a été essentiellement rendu possible par le Qatar, agissant en grande partie dans les coulisses. Le fonds souverain de l’émirat, la Qatar Investment Authority (QIA), est le principal actionnaire de Glencore. Selon nos informations, le QIA a discrètement mis un mot avec Glencore pour que le groupe fasse certaines concessions au Tchad. Une intervention qui a eu un prix: N’Djamena, qui a rappelé son ambassadeur de Doha en juin 2017 avant de fermer son ambassade en août sous la pression de l’Arabie saoudite et des EAU, a dû rapidement réorganiser ses alliances diplomatiques. Le même jour, l’accord a été conclu avec Glencore à Paris, le président tchadien Idriss Déby a envoyé son ministre des affaires étrangères, Mahamat Zène Cherif, à Doha par avion privé. Après avoir déjeuné avec son homologue qatarien Mohammed bin Abdul Rahman Al Thani le 20 février, Cherif a accepté de reprendre les relations bilatérales entre les deux pays et de rouvrir leurs ambassades respectives.

Après le Tchad, qui est le prochain?
Cette victoire diplomatique pour l’émirat, remportée grâce à son contrôle sur certains poids lourds pétroliers, n’est pas un exploit. L’émir qatari Tamim bin Hamad Al Thani est conscient que c’est surtout sous la pression de Déby que ses voisins sahéliens, notamment le Niger et la Mauritanie, ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha en juin 2017. Thani travaille maintenant à renouer avec le président nigérien Mahamadou Issoufou et le chef de l’État mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Doha et Niamey auraient été en contact pour reprendre progressivement là où ils s’étaient arrêtés avant que le Niger coupe ses liens avec l’émirat. Les progrès avec Nouakchott risquent de prendre plus de temps.

Le Tchad n’est pas sorti des bois
La renégociation entre N’Djamena et Glencore a été relancée sous l’ancien ministre des Finances tchadien Christian Georges Diguimbaye. Incapable de progresser dans cette opération à forte participation, Diguimbaye a été remplacé en décembre par l’un des technocrates préférés de Déby, l’ancien ministre de la Justice, Fadoul Abdoulaye Sabre. Il a été aidé par un autre expert proche du président, banquier et directeur général de SHT, Tahir Hamid Nguilin. La renégociation du prêt avec Glencore était une condition préalable à l’ouverture d’un dialogue avec le Fonds monétaire international (FMI) sur une éventuelle aide financière. L’institution financière a estimé que le négociant avait fixé des taux d’intérêt excessifs laissant le Tchad avec une marge de manœuvre budgétaire limitée. Le Tchad est au bord de l’effondrement financier depuis que les prix du pétrole ont chuté en 2014, certains ministères n’étant plus en mesure de payer leur personnel.

Source: Tchadanthropus-tribune avec africaintelligence.fr

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