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Le Tchad, pays vassal de l’Arabie Saoudite

Riyad tente de convaincre les Etats africains de rompre leurs relations diplomatiques avec Doha. Sept pays ont déjà cédé, explique le chercheur Benjamin Augé. Et le Tchad en fait partie.

La violente crise diplomatique survenue le lundi 5 juin entre l’Arabie saoudite et le Qatar – ce dernier étant accusé de soutenir le terrorisme – a des répercussions jusqu’en Afrique. De fait, Riyad se démène pour obtenir le soutien du plus grand nombre d’Etats africains, sommés de prendre position.

Sept pays du continent (Niger, Mauritanie, Sénégal, Tchad, Egypte, Comores et Maurice) ont déjà fait le choix de rappeler leur ambassadeur en poste à Doha. De son côté, Djibouti a préféré réduire le personnel de son ambassade pour ne pas insulter l’avenir, le Qatar faisant office de médiateur sur le différend frontalier qui oppose le pays à l’Erythrée.

Deux moyens de pression
Les présidents des Etats africains dans lesquels la population est à dominante musulmane – et où de nombreux lieux de prière sont construits et contrôlés par les intérêts saoudiens via des organismes de charité – subissent une forte pression depuis le déclenchement de la crise qui a conduit l’Arabie saoudite, mais aussi les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Yémen et l’Egypte, à couper les relations diplomatiques avec le Qatar et à organiser un blocus terrestre et aérien à son encontre.

L’Arabie saoudite a utilisé ses ambassadeurs dans les capitales africaines ou des émissaires spécialement envoyés depuis Riyad afin de convaincre les présidents de prendre l’unique décision qui s’impose à ses yeux : le rappel des ambassadeurs en poste à Doha et la rupture des relations diplomatiques. Pour ce faire, deux moyens de pression ont été utilisés par ses émissaires : l’arrêt potentiel d’une manne financière pourtant jusqu’alors très modeste – en dehors des projets financés par le Fonds arabe pour le développement économique et social (Fades) – et des menaces à peine voilées de complications dans l’obtention de visas pour le pèlerinage à La Mecque.
Ces deux arguments ont souvent payé dès les premières prises de contacts, notamment dans les Etats se trouvant dans une position difficile au niveau économique et politique. Certains pays ayant des rapports difficiles avec le Qatar, comme la Mauritanie, n’ont même pas eu besoin d’une quelconque pression pour prendre le parti de l’Arabie saoudite. La décision de rappel des ambassadeurs a souvent été prise par les seuls présidents africains, sans l’avis de leurs gouvernements ni des ministres des affaires étrangères.

Le Nigeria fait de la résistance
Pourtant, certains Etats africains où la population musulmane est importante n’ont pas souhaité prendre position dans ce conflit. Les pays du Maghreb – Maroc, Algérie, Tunisie –, mais aussi le Soudan et la Somalie, ont appelé au dialogue sans prendre parti, considérant qu’ils n’ont pas à choisir entre les deux principaux protagonistes, avec lesquels ils ont des liens diplomatiques et économiques forts.
Le cas le plus singulier reste le Nigeria, où le nombre de citoyens musulmans est probablement le plus élevé du continent africain, avec l’Egypte. L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan a ouvert en 2013 une représentation diplomatique à Doha et les deux pays se côtoient depuis longtemps dans le cadre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de son pendant gazier, le Gas Exporting Countries Forum, dont le siège est au Qatar.

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