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Le Tchad n’enverra plus de troupes au Sahel: manque d’effectifs, menace terroriste ou rebelle ?

Les chefs d’État du G5 Sahel et celui de la France ont pris part au sommet de Nouakchott en Mauritanie, le 30 juin. Les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la Covid-19 ainsi que la recrudescence du terrorisme ont été au coeur des discussions.

Ont honoré de leur présence les Présidents ci-après: Emmanuel Macron de la France, Idriss Déby du Tchad, Issoufou Mahamadou du Niger, Ibrahim Boubacar Keita du Mali, Rock Marc Christian Kaboré du Burkina Faso. Le chef du gouvernement espagnol, M. Pedro Sanchez, le président de la commission de l’Union Africaine, M. Moussa Faki Mahamat et de la secrétaire générale de la francophonie, Mme Louise Mushikiwabo ont également fait le déplacement de la capitale mauritanienne. Ont participé par visioconférence la chancelière allemande, Mme Angela Merckel, le Président du conseil italien, M. Giuseppe Conte, le Président du conseil européen, M. Charles Michel et le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Très attendu sur la question de l’envoi d’un contingent militaire tchadien au fuseau centre, dans la zone de trois frontières (Burkina Faso, Niger, Mali), le Président, le désormais Maréchal Idriss Déby a déclaré que « la menace autour du Lac-Tchad demeure persistante avec la montée des eaux. Toute projection hors du territoire ne doit pas se faire au détriment de la sécurité du Tchad ».

Fin de l’engagement militaire du Tchad au Sahel ou menace intérieure et régionale ?

Il faut rappeler que le Président tchadien a tenu le même discours lors d’un reportage diffusé par la télévision nationale le 10 avril dernier. «Nos soldats sont morts pour le lac Tchad et pour le Sahel. A compter d’aujourd’hui, aucun soldat tchadien ne participera à une opération militaire en dehors du Tchad. Nous nous sommes battus seuls, aux confins du Lac-Tchad sans l’apport des pays qui sont sensés nous aider. Les soldats tchadiens sont morts pour la cause des pays membres de la CBLT et du Sahel« , a-t-il déclaré à Baga Sola lors d’une rencontre au Lac avec les chefs militaires ayant conduit l’opération « Colère de Bohoma ». Mais, quelques heures plus tard, par un communiqué, le ministère des affaires étrangères a affirmé que l’armée du Tchad continuera à participer aux opérations militaires conjointes bilatérales et internationales.

Pourtant, le 20 janvier 2020, au sommet des Chefs d’Etat du G5 Sahel et de la France consacré à la lutte contre le terrorisme au Sahel tenu à Pau (France), Idriss Déby avait promis l’envoi d’un contingent militaire tchadien au Fuseau Centre. N’eut été le déclenchement de l’opération « colère de Bohoma » suite à l’attaque des positions de l’armée tchadienne par des éléments de Boko Haram dans le Lac-Tchad, un bataillon de soldats tchadiens serait déployé depuis le 24 mars dans la zone des trois frontières.

Mais, selon plusieurs observateurs militaires, la menace de Boko Haram semble être bien réelle dans le lac-Tchad avec la montée des eaux compte tenu des pertes énormes subies par les terroristes lors de l’opération « colère de Bohoma » en mars 2020.  A la fin de la campagne, l’Etat-major tchadien a annoncé l’élimination de plus d’un millier de terroristes.

Il y a aussi les menaces des rebelles tchadiens en Libye. Selon la La Lettre du Continent, N’Djaména s’inquiète car parmi les combattants démobilisés après les revers, ces derniers temps, du Maréchal Khalifa Haftar en Libye figurent des rebelles tchadiens. Selon le média français, au moins un demi-millier de ces troupes d’appoint ont pris part à l’offensive lancée en avril 2019 par Haftar pour tenter de s’emparer de la capitale libyenne. Mais les défaites successives de l’Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar, et notamment la perte le 18 mai de la très stratégique base militaire de Watiya dans le nord de la Libye ont provoqué le reflux de plusieurs dizaines de combattants tchadiens vers le Fezzan, à quelques kilomètres de la frontière entre la Libye et le Tchad. Mahamat Mahdi Ali a annoncé à qui veut l’entendre que son mouvement, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), basé à Joufra, dispose de 4 000 hommes bien entraînés et de plus d’une centaine de véhicules équipés d’armes lourdes. Les rebelles du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), qui dispose aussi d’une base arrière dans le Fezzan, inquiètent aussi Idriss Déby. Près de 400 d’entre eux ont pris part aux combats aux côtés des forces gouvernementales de Tripoli.

Plusieurs informations font aussi état d’un malaise au sein de l’armée clanique suite à la promotion, la semaine dernière, de plus d’un millier d’officiers supérieurs des forces armées et de sécurité au grade supérieur à titre exceptionnel pour « mission accompli » lors de l’opération « Colère de Bohoma ». En effet, selon des sources concordantes, il y avait parmi les militaires promus plusieurs fils des généraux du régime qui n’ont jamais mis les pieds dans le Lac et certains nouveaux Colonels sont à peine majeurs.

Selon le site Tchadactuel, le Président Déby manque d’effectifs pour envoyer hors du Tchad malgré les recrutements massifs de militaires et les formations dans les Centres d’Instruction (CI) du Nord et du Nord-Est. Tous les soldats de l’armée ont été déployés dans le Lac pour combattre Boko Haram et les survivants après la guerre auraient disparu dans la nature, selon Tchadactuel. Lors de sa tournée d’inspection dans le Lac, jeudi 25 juin, le nouveau Maréchal du Tchad aurait constaté de visu ce que lui répètent ses envoyés pour rassembler les troupes: il manque de bras pour envoyer hors du Tchad !

TchadConvergence

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