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La rentrée scolaire 2019 risque d’être perturbée au Tchad: 2648 enseignants suspendus pour dossiers irréguliers

Au Tchad, 3 356 fonctionnaires ne percevront pas leur salaire à la fin de ce mois d’août. Ils sont suspectés, par une commission chargée de nettoyer le fichier des agents, d’émarger à la fonction publique alors qu’ils n’en ont pas le titre. Mardi 20 août, à la publication de la liste, des fonctionnaires qui ont pourtant régularisé leur situation se retrouvent encore sanctionnés.

Tôt ce mardi 20 août 2019, cyclistes et motocyclistes font des chemins croisés à l’entrée de l’école du centre de N’Djaména. Dans la cour, devant le bureaux du syndicat des enseignant du Tchad (SET), il y avait du monde et des engins. Derrière le bureau du secrétaire Général du SET, Mbairis Ngartoidé Blaise, des personnes aux visages crispés et tristes ont les yeux rivés sur le murs. Des murmures, lamentations, indignations, interrogations et autres se font entendre. « C’est la liste des enseignants qui ne verront pas leurs salaires à partir de fin août. Ils sont 2648. Dieu merci mon nom n’y figure pas, mais c’est triste », renseigne un fonctionnaire venu se rassurer.

Fin décembre 2018, un rapport d’audit indique que 17 000 fonctionnaires émargent frauduleusement à la fonction publique. Les concernés sont priés de régulariser leur situation en produisant les documents qu’il faut.

Une exigence qui a occupé pendant des semaines voire des mois certains fonctionnaires. Mais ce mardi, à la publication de la liste des 3 356 fonctionnaires dont les dossiers ne sont pas à jours, il y a des surprises.

« Sur la liste qui a été affichée avant, il y avait mon nom et j’ai couru pour fournir les dossiers qu’il fallait. Mais maintenant, je reviens et je vois encore mon nom. Je ne comprends pas », explique un fonctionnaire.

Certains enseignants venus des provinces estiment qu’ils sont toujours des victimes de telles décisions. Car, selon eux, ils sont coupés des informations à la source. Et le plus souvent ils reçoivent les informations tard.

Pour avoir un dossier complet, il faut l’arrêté d’intégration ou l’acte de recrutement, le décret de titularisation, le diplôme de base (Bac ou BEPC/T), diplôme ayant servi à l’intégration, tous les arrêtés d’avancement, une copie d’identité nationale ou bien acte de naissance, arrêté de reclassement et décret de confirmation.

Nodjitobaye David, enseignant au collège de Klessoum qui a déposé son dossier en 2018 ne comprend pas pourquoi son nom figure encore sur cette nouvelle liste. « Sur la liste affichée en décembre 2018, figurait mon nom. J’ai constitué mon dossier comme demandé. Dans les délégations, on nous demande de rester sur place nous qui sommes dans les provinces. Qu’on remette nos dossiers à la hiérarchie. J’ai déposé mes dossiers à mon directeur qui l’a déposé à son tour à l’inspection. J’ai fait le suivi jusqu’à la délégation. Pour moi, après la délégation ça doit parvenir à la fonction publique. Mais je ne comprends pas comment mon dossier a disparu. Est-ce à la délégation ? à la fonction publique ? je ne sais pas », s’interroge-t-il. Comme plusieurs de ses collègues, ils déplorent le délai accordé. Car selon eux, il est impossible aujourd’hui à N’Djamena d’authentifier un diplôme en une semaine.

Sylvain Mbaitoubam, enseignant venu de la région de Hadjer-Lamis, explique que « cette situation peut vraiment impacter la rentrée académique 2019-2020 qui est vraiment imminente si des solutions ne sont pas trouvées.  Déjà beaucoup d’enseignants sont actuellement à N’Djamena pour suivre leurs dossiers à la Fonction publique ».

Pour le secrétaire général du syndicat des enseignants du Tchad, Mbairis Ngartoïde Blaise, non seulement il y a disfonctionnement, mais le délai d’une semaine accordé aux agents n’est pas réaliste.

« Il y a des enseignants qui ont déposé leurs documents. Malheureusement, leurs noms figurent encore parmi ceux qu’on vient d’afficher, déplore-t-il. Le délai accordé aux gens pour pouvoir constituer le dossier et le déposer, c’est ce délai-là qui qui ne permet pas à tout le monde d’arriver. »

Selon Ali Mbodou Mbodoumi, ministre tchadien de la Fonction Publique, du travail et du dialogue social, il ne s’agit pour l’heure que d’une suspension de salaire.

Pendant ce temps, ces fonctionnaires ne recevront pas de salaire et les banques ont été prévenues de ne pas leur accorder le crédit scolaire qui aide les fonctionnaires à supporter les dépenses de la rentrée scolaire.

TchadConvergence avec les Agences


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