Au Tchad, l’opposant Laoukein Kourayo Médard, détenu depuis juillet, a eu une joie de courte durée. Lors d’une audience, ce jeudi matin à Moundou, ville dont il était le maire, le juge a pourtant ordonné sa remise en liberté d’office pour détention abusive.
Le procureur de Moundou a refusé de signer l’autorisation de sortie de Laoukein Médard, ancien maire de Moundou et candidat à la dernière présidentielle d’avril 2016, qui devait être libéré jeudi sur décision du juge après avoir été arrêté pour « malversations financières », selon une source judiciaire.
Laoukein Médard était accusé d’avoir détourné une somme de 27 millions de francs CFA, soit environ 41.000 euros à la mairie de Moundou et a été démis de ses fonctions par le conseil municipal. Ce jeudi, à la surprise générale, l’opposant a été reconduit dans sa cellule. Le procureur de la République n’ayant toujours pas signé l’acte de sa sortie de prison. Son épouse Gisèle Keiron Laoukein se dit étonnée de ce scénario. Elle s’est confiée à la Deutsche Welle.
«Le juge a ordonné la mise en liberté d’office pour détention abusive», avait expliqué plus tôt à l’AFP une source judiciaire tchadienne, ajoutant que lorsqu’«un détenu est placé sous mandat pendant plus de quatre mois, sa détention devient abusive». Mais selon une source judiciaire, le procureur a déclaré qu’il faisait appel de la décision du juge.
Lavé de tout soupçon
Fin septembre, un rapport d’audit demandé par le juge d’instruction avait acté que M. Médard n’avait pas détourné un seul centime dans le cadre de ses fonctions de maire de Moundou.
Dans ce rapport authentifié par l’AFP auprès de sources judiciaires, sur les 45 employés de la mairie cités, seul M. Médard n’aurait rien détourné. Le document fait état de plus de 200 millions de FCFA (environ 305 000 euros) manquants à la mairie.
Le chef d’accusation contre Laoukein Médard a été requalifié jeudi par la justice tchadienne, suite à cet audit, en « abus d’autorité ». Laoukein Médard est le président du parti d’opposition Convention Tchadienne pour la Paix et le Développement.
Arrivé troisième à la présidentielle d’avril 2016, Laoukein Médard a été arrêté mi-juillet pour «malversations financières », après avoir été démis de ses fonctions de maire par le conseil municipal de Moundou, la deuxième ville du pays.
TchadConvergence avec AFP