Alors qu’une manifestation pacifique prévue demain contre la vie chère est interdite par les autorités tchadiennes, Tity Agbahey, chargée de campagne pour l’Afrique centrale à Amnesty International, a déclaré :
« L’interdiction de la manifestation pacifique de ce jeudi au Tchad est un signal négatif pour les droits humains. Il y a pourtant moins de cinq mois, les autorités avaient accepté les recommandations de la communauté internationale visant à amender les textes restrictifs sur les réunions publiques et protéger le libre exercice du droit de manifester pacifiquement ».
Par cette décision, les autorités indiquent leur manque de volonté à créer un environnement dans lequel des citoyens peuvent exercer leurs droits fondamentaux sans crainte.
«Il serait important que demain, pour l’accès aux droits humains des citoyens tchadiens, elles s’abstiennent d’entraver la manifestation pacifique, et s’assurent que toute utilisation excessive de la force par les forces de sécurité soit interdite et, le cas échéant, portée devant la justice».
Tity Agbahey, chargée de campagne pour l’Afrique centrale à Amnesty International
«Dans le but de s’assurer du bien-être des populations, il est crucial que les autorités répondent à leurs attentes en protégeant leurs droits économiques, sociaux et culturels en accord avec les conventions internationales pour lesquelles elles se sont engagées».
Complément d’information
Une marche pacifique à l’appel du Collectif contre la vie chère est prévue ce 25 avril. Le ministre de l’Administration du territoire, de la sécurité publique et de la gouvernance locale l’a « strictement interdite » par arrêté signé le 22 avril. Hier, les organisateurs ont rencontré les autorités mais les discussions n’ont pas abouti à un consensus.
Amnesty International appelle à la retenue et rappelle que le Tchad, lors de son passage à l’Examen périodique universel (EPU) des Nations unies en novembre dernier, avait accepté les recommandations visant à amender l’Ordonnance No.45/62 relative aux réunions publiques et le décret No.193/62 portant règlement des manifestations sur la voie publique afin de permettre le libre exercice du droit de manifester pacifiquement.
Les organisateurs de la manifestation de demain estiment que le coût de la vie a atteint des proportions inquiétantes avec l’arrêt, pour cause de travaux de maintenance depuis le 23 février dernier, de la production de la raffinerie de Djarmaya, à environ 60km de Ndjamena, qui fournit le gaz.
Malgré la décision du gouvernement d’importer du gaz du Nigeria et du Cameroun, la population subit une pénurie, les importations ne parvenant pas à combler les besoins. La fin de la pénurie avait été annoncée pour le 4 avril dernier.
Source: Amnesty international