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Tchad: l’affaire de l’avion A340 n’a pas fini de rebondir

La nouvelle est tombée tel un couperet le 24 septembre à la surprise autant des gouvernants que des citoyens tchadiens. Depuis, elle n’a cessé d’alimenter commentaires et supputations. Le dernier décret du président américain Donald Trump inclut le Tchad dans les dispositions migratoires qui interdisent l’accès du territoire américain aux ressortissants de certains pays jugés potentiellement dangereux pour la sécurité des États unis. Les Tchadiens sont désormais indésirables sur le sol américain autant que les Nord Coréens et les Vénézuéliens qui figurent également dans cette nouvelle liste noire de Trump.

La surprise est d’autant plus cinglante, qu’elle claque comme une gifle après la table ronde de Paris où on a cru que notre pays, en particulier son leader Idriss Déby, semblait être dans les meilleures grâces de l’Occident. Il est en effet difficile de comprendre qu’un pays présenté comme le champion de la lutte contre le terrorisme au Sahel, que les Occidentaux considèrent comme un partenaire « de valeur pour le contre-terrorisme », soit brutalement relégué au rang de pays peu sûr.

Pour justifier sa décision, l’administration américaine qui, pourtant, souligne que le gouvernement du Tchad est “un partenaire anti terroriste important et précieux”, lui reproche de ne pas « partager adéquatement les informations relatives à la sécurité publique et au terrorisme ». Il ne satisfait pas par conséquent à l’un des critères « de risque clé » établit par Washington. Celui-ci appuie sa décision par le fait que des éléments de Boko Haram, du fameux État islamique et d’Al Qaida au Maghreb sont actifs au Tchad ou dans les régions environnantes. Ne pouvant identifier convenablement les étrangers qui demandent un visa d’entrée aux États unis à partir du Tchad, ceux-ci pourraient représenter des menaces pour la sécurité des américains, compte tenu des “risques importants liés au terrorisme” à partir de notre pays.

C’est une accusation qui a du mal à passer auprès des autorités tchadiennes qui l’ont vigoureusement rejetée. Celles-ci se targuent d’avoir d’excellents services de renseignements et de police qui ont permis au Tchad d’être épargné des attentats qui ensanglantent les pays voisins, notamment le Cameroun et le Nigeria où il ne se passe pas de mois, parfois même de semaine, où Boko Haram ne se manifeste de façon tragique. Les seuls attentats perpétrés à N’Djaména et dans la région du lac Tchad datent de plus d’un an.

Si on suit le raisonnement des américains qui affirment que le Tchad abrite des éléments terroristes sans être ciblé par des actes de terrorisme, on en déduit qu’il existe un fort soupçon de complicités avec ces groupes. On pourrait penser que le sulfureux président américain fait du « Trump ». Mais l’administration américaine est tenue par des règles, quelque soit le chef de son exécutif, et une telle décision ne pourrait être prise sans être étayée par des informations fiables. Elle a été surement documentée depuis plusieurs années par les services de renseignements américains.

La duplicité des autorités tchadiennes et de son premier responsable Idriss Déby, qui souffle à la fois le chaud et le froid en matière de terrorisme, a été suivie de longue date. Avant que le président Idriss Déby ne se mue en champion de la guerre anti-terroriste, les terroristes de Boko Haram considéraient le Tchad comme leur base arrière ils y circulaient librement pour faire des affaires et s’approvisionner en armes. Les attentats qui ont secoué N’Djaména ont été en fait une réponse au revirement des autorités tchadiennes. Le journal N’Djamena Bi-Hebdo a relevé, dans nos colonnes, des zones d’ombre et des faits troublants dans l’attentat de l’école de police, notamment l’utilisation par les terroristes d’un véhicule appartenant à un membre du sérail. Connaissant la cupidité de certains membres du régime en place, comment s’étonner qu’ils puissent entretenir des liens avec des groupes terroristes qui se livrent à toutes sortes de trafics: drogues, fausses monnaies, armes, etc.

L’élément déclencheur de la décision américaine est relative à l’immatriculation au Tchad d’un avion basé en Iran et dont les propriétaires se servent pour transporter les éléments du Groupe militaire révolutionnaire islamique. Malgré l’annulation des certificats accordés par le Tchad à cette compagnie, l’opinion des Américains est désormais bien établie sur la permissivité du Tchad au terrorisme.

La lettre du Continent a révélé que les autorités tchadiennes ont utilisé le nom du Tchad pour acheter un avion aux États-Unis, puis l’affréter pour un voyage au Kazakhstan, au Venezuela, en Iran et en Syrie destination finale. Selon le site zoomtchad.com, l’avion a été livré aux réseaux pro-Daech et le Tchad a été utilisé pour contourner l’embargo voté par les Nations-Unies contre Daech. Mais, l’administration américaine a aussi été trompée par les émissaires de Déby qui sont venus acheter un avion pour le Tchad, mais en fait, dans le but de l’acheminer ailleurs pour un destinataire sous restrictions. Il est évident que les émissaires de Déby et lui-même ont touché une belle commission dans cette affaire.

Selon une nouvelle publication de la lettre du Continent  n° 762 du 11/10/2017, Washington s’implique dans l’affaire de l’A340. Les États-Unis ont mobilisé leurs services pour remonter la piste de l’appareil.

Le gouvernement a limogé la ministre Haoua Acyl et les principaux responsables de l’aviation civile voulant faire croire que c’est eux les responsables. Personne n’est dupe. La ministre Haoua Acyl ne peut, en aucun cas, agir pour son propre compte dans cette affaire. Bien au contraire, selon toujours le site zoomtchad.com, un des fils de Déby et un haut gradé de l’armée et Idriss Déby sont ceux qui ont monté cette affaire. La ministre se contentant de leur signer les documents nécessaires aux transactions et sans avoir aucune retombée financière. On l’a sacrifiée cyniquement, et le fait qu’elle soit la cousine de Hinda Déby arrange bien les affaires de Déby, car, il fera croire qu’il sanctionne même les indélicats dans son entourage. Or, les véritables responsables restent intouchables et sont dans le premier cercle autour du dictateur; et, s’il faut juger la position de Mme Haoua Acyl par rapport à Hinda Déby, elle se trouve au cinquième cercle, donc, on peut jeter en pâture à l’opinion sans difficulté.

Notre gouvernement qui s’est permis de diaboliser le Qatar, accusé de soutenir le terrorisme, se fait prendre tout bêtement pour collaboration avec les terroristes. C’est de façon indirecte, la réponse du « berger à la bergère ».

TchadConvergence avec le journal N’Djamena Bi-Hebdo et le site zoomtchad.com

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