Selon des sources concordantes, il y a eu des accrochages ce mercredi matin entre la soldatesque d’Idriss Déby et la première colonne du groupe rebelle Union des Forces de la Résistance (UFR) à une quinzaine de kilomètres de la localité de Bao-Biliat, dans l’Ennedi-Est, près de la frontière soudanaise, à plus de 1 500 km au Nord-Est de N’Djamena.
Cette première colonne, qui était entrée dans le Darfour, il y a une quinzaine de jours, semble être plus importante que celle bombardée dimanche par l’aviation française dans l’Ennedi ouest, une cinquantaine de pick-up selon une source à Sebha en Libye. Selon des sources militaires, après quelques accrochages, la colonne s’est retranchée dans les montagnes autour de Bao-Biliat et depuis lors l’aviation du régime bombarde sans relâche les éléments de cette colonne. Des sources à Am-Djaress ont confirmé des va-et-vient incessants des hélicoptères qui se ravitaillaient.
Provoquer le plus grand nombre de défections
La stratégie des rebelles de l’UFR, qui ont beaucoup des complicités dans l’armée clanique, est de « se balader » le plus longtemps possible à l’est du Tchad afin de provoquer des défections avec une campagne de démobilisation des garnisons. Le leader de l’UFR, Timan Erdimi est de la même ethnie que le despote tchadien et il est son neveu. Lors de la guerre de l’or à Miski, il était clair que les soldats affamés et mal payés, ne voulaient pas mourir pour un régime qui opprime les populations. La démobilisation est telle que le Général Mahamat Kaka, chef de la Direction générale des services de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE), qui commandait les opérations depuis Faya-Largeau, aurait demandé à son père de trouver une autre solution au problème ou de négocier avec les populations de la zone aurifère dans le Tibesti.
En 2008, la rébellion tchadienne avait réussi avec la même ruse à arriver jusqu’aux portes du Palais rose à N’Djamena et était presque parvenue à renverser l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis plus de 29 ans. À l’époque, la France de Sarkozy avait attendu que l’UFR entre dans la capitale pour intervenir. Et on connaît la suite.
« Nous avançons, dans la zone du Tchad frontalière du Soudan, dans l’Ennedi », a affirmé mardi 5 février Youssouf Hamid, porte-parole en exil de l’Union des forces de la résistance (UFR). Le groupe affirme être entré au Tchad avec trois colonnes distinctes de pick-up armés, dont une a été frappée dimanche par des Mirage 2000 français à la demande de la dictature tchadienne après de violents combats avec l’armée.
Youssouf Hamid a déclaré, aujourd’hui à RFI, que des nouvelles frappes françaises ont été menées hier et aujourd’hui dans la région de Fada dans l’Ennedi ouest. Une source à Fada avait démenti cette information.
Des avions de combat français ont frappé, mardi et mercredi, dans le nord-est du Tchad une colonne de pick-up lourdement armée venue de Libye contre laquelle Français et Tchadiens sont déjà intervenus le week-end dernier, a annoncé mercredi 6 février l’état-major français. « L’action des Mirage 2000, engagés depuis la base de N’Djamena, appuyés par un drone Reaper, a permis au total de mettre hors de combat une vingtaine de pick-up » sur la cinquantaine que comptait la colonne initialement.
« Sur le plan du droit, cette intervention répond à une demande d’assistance formelle d’un Etat souverain à l’égard de la France », rétorque le cabinet de la ministre française des Armées, Florence Parly. Comme l’exige la Constitution française, le Premier ministre Edouard Philippe a officiellement informé ce mercredi les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat des frappes menées au Tchad « contre des groupes armés venus de Libye, en réponse à une demande d’assistance des autorités tchadiennes », dans des courriers dont l’AFP a obtenu copie.
Sur le front politique, l’opposition tchadienne est unanime. Ses chefs déplorent un « tournant dangereux » pris par la France en intervenant militairement dans les « affaires internes » du Tchad.
TchadConvergence