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Premier conseiller de l’ambassade du Tchad à Paris: «les syndicalistes et les journalistes ne sont pas les bienvenus»

Alors qu’ils devaient se rendre à N’Djamena pour apporter leur soutien aux grévistes tchadiens, des syndicalistes de la CGT ont essuyé, à deux reprises, un refus de visa.

Sous le règne du dictateur Idriss Déby Itno, il faut montrer patte blanche pour se rendre au Tchad. Les membres d’une délégation de la Confédération Générale du Travail (CGT), l’ont appris à leurs dépends. Alors qu’un mouvement social secoue le pays depuis bientôt cinq mois, ces syndicalistes français, qui entendaient apporter leur soutien aux grévistes tchadiens, ont essuyé deux refus de visa. La première fois, au mois de décembre, la deuxième fois, début janvier. Motif invoqué par le premier conseiller de l’ambassadeur du Tchad à Paris en présence d’Alain Delmas, responsable Afrique au secteur international de la CGT : «Les syndicalistes et les journalistes ne sont pas les bienvenus». Solidarité interdite, fermez le ban. Le Tchad est un butin de guerre conquis il y a 26 ans par Idriss Déby avec la complicité de la Françafrique.

La réponse du gouvernement à la grève : répression !
À N’Djamena, Michel Barka, le président de l’Union des syndicats du Tchad (UST), voit dans cette décision un signe de fébrilité du pouvoir, engagé, ces dernières semaines, dans une inquiétante dérive. «Cette crise sociale paralyse le pays. Le gouvernement craint que la venue d’une délégation syndicale étrangère ne mette en lumière ses difficultés». À l’appel des organisations syndicales UST, CIST, SYNECS réunies au sein d’une plateforme, le mouvement de grève affectant la fonction publique conteste le non-paiement des salaires des fonctionnaires, des pensions des retraités, des subsides des maitres communautaires et rejette le plan d’austérité qui prévoit, entre autres, la diminution de 50% des indemnités des fonctionnaires et la suppression des bourses étudiantes. La réponse du gouvernement tient en un mot : répression. Exemple, le 6 décembre, alors que se préparait dans la capitale une manifestation de femmes réclamant le paiement des salaires, avec l’appui des syndicats et des organisations de la société civile, la Bourse du Travail était bouclée par des militaires, avec déploiement d’armes lourdes.

Adoptée le 30 décembre 2016, une nouvelle loi met en cause, sans détours, l’exercice du droit de grève, en violation des Conventions 87 et 98 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Et tout récemment, «Idriss Déby, lors d’une réunion avec les partis de la majorité, n’a pas hésité à évoquer la dissolution pure et simple des syndicats tchadiens existants», s’indigne la CGT dans un communiqué.

Fort du soutien de Paris, qui a fait de lui l’un des piliers du dispositif militaire français Barkhane au Sahel, le dictateur Idriss Déby redouble de férocité, en interne, contre les libertés politiques et syndicales.

Mercredi, la plateforme syndicale a annoncé une suspension de la grève pour un mois. Objectif : ouvrir une improbable fenêtre de négociations et, surtout, remobiliser la base, épuisée par la répression, la pression et les intimidations du pouvoir.

TchadConvergence avec humanite.fr

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2 Commentaires

  • Debgabsou Vérité

    À mon avis, en annonçant la suspension de la grève pour 1 mois,l’UST a beaucoup fléchi voir failli à sa mission car elle n’a même pas obtenu 2% de satisfaction de sa révendication.Je vous assure que dans beaucoup de régions, les fonctionnaires qui sont gérés par le trésor public n’ont pas encor touché jusqu’aujourdhui le salaire de novembre et décembre.Comment peut-on parler d’une reprises dans ces conditions?

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