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Elections législatives et communales au Tchad: pourquoi il ne faut pas donner de l’argent sans procédures à fortes conditionnalités démocratiques

Après plus de 18 mois de censure d’Internet pour « des raisons sécuritaires », le président Idriss Déby a fini par céder face à la pression internationale en annonçant le 13 juillet dernier la levée des restrictions sur les réseaux sociaux dans notre pays.

« J’appelle les services concernés à lever immédiatement la mesure de restriction aux réseaux sociaux », a déclaré Idriss Déby, pressé de se conformer aux injonctions des partenaires financiers du Tchad à l’approche des élections législatives et communales.

En effet, selon Monsieur Déby, l’organisation des élections législatives et communales nécessite 70 milliards de francs CFA, « le pays ne dispose pas de ces fonds et attend l’aide des partenaires techniques et financiers du Tchad ». Mais, ces partenaires internationaux exigent, entre autres, la levée immédiate de la restriction d’accès aux réseaux sociaux avant leur participation au financement de ces élections.

Pour amadouer les chancelleries occidentales à N’Djaména, une subvention de 100 millions de FCFA a même été allouée à la presse privée, dans un pays où les enquêtes traitant de l’impunité ou critiquant le président Idriss Déby ne sont pas tolérés.

Mais, malheureusement, le changement par les urnes est totalement impossible au Tchad sous le joug du régime totalitaire d’Idriss Déby qui « n’est pas venu au pouvoir par un billet d’Air Afrique », selon ses propres termes. En 29 ans de pouvoir sans partage, Monsieur Déby a verrouillé tout le processus démocratique au Tchad. Ainsi, depuis 1996, date des premières législatives, quelles que soient les consultations électorales, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, détient en permanence la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Et même avec la biométrie, la présidentielle du 10 avril 2016 a été une affligeante mascarade électorale très contestée par l’opposition et la société civile.

Dans ce cas, pourquoi gaspiller les maigres ressources de notre pays où, le système éducatif est en pleine déliquescence, un jeune sur deux est au chômage, la malnutrition aiguë sévère concerne deux enfants sur cinq, près de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable, … pour maintenir en place le système actuel ? Pourquoi imposer encore des nouvelles mesures d’austérité aux fonctionnaires qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, pour légitimer un système basé sur la terreur, l’humiliation, la corruption, le clientélisme, le népotisme et la gabegie, où aucune voix discordante n’est tolérée ?

C’est précisément la raison pour laquelle nous appelons cette communauté internationale à exiger, en outre, un dialogue inclusif entre tous les Tchadiens. La solution à la crise tchadienne passe par un dialogue inter-tchadien inclusif, constructif, sincère et franc pouvant conduire à la réconciliation nationale. Sans dialogue, il y aura toujours des rébellions au Tchad jusqu’au changement du régime par la force avec tous les risques d’une guerre civile.

C’est pourquoi, nous réitérons notre appel pour l’implication et l’appui de la France, des États-Unis, des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine et de tous les pays amis du Tchad pour que tous les acteurs tchadiens s’engagent dans un processus de dialogue inclusif.

Dr Moussa Pascal Sougui

Secrétaire général du Conseil National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD-TCHAD)

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