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Dialogue national inclusif au Tchad: faux rebelles, faux-semblant de la junte militaire et miroir aux alouettes

Ils sont une vingtaine de Tchadiens accueillis à l’aéroport international Hassan Djamouss par le Directeur général de l’ANS, le Général Ahamat Kogri et quelques autres Généraux. Mais des chefs de l’UFR leur dénient tout lien avec le groupe, ce qui crée des doutes sur leur représentativité au sein des mouvements politico-militaires.

Ils sont une vingtaine d’opposants se présentant comme des anciens membres de la rébellion de l’Union des forces de la résistance (UFR). Ils ont regagné ce mardi N’Djamena, la capitale tchadienne.

« Nous rentrons chez nous au Tchad parce que dernièrement le président Mahamat Idriss Déby a encore réitéré son appel pour la paix. Donc nous acceptons sa main tendue. Nous avons décidé maintenant de rentrer dans notre pays et nous sommes de bonne foi. Nous sommes un groupe d’une vingtaine de cadres civils et militaires de l’UFR avec plusieurs de nos frères d’armes », justifie Doki Warou Mahamat, qui prétend être conseiller politique du président de l’Union des forces de la résistance (UFR) et qui conduit la délégation.

« Le temps est venu pour qu’on puisse revenir au pays. Il y a un temps pour faire la guerre et il y a aussi un temps pour faire la paix. Donc on a répondus à l’appel des autorités à l’endroit des politico-militaires. On est motivé pour participer au processus actuel de régularisation de l’Etat », a déclaré Mahamat Abdelkerim Hanno, ancien commissaire politique de l’UFR. « Pour ceux qui résistent encore, je leur lance un appel haut et fort de revenir parce que le Tchad a besoin d’eux. Nous on va participer avec le régime actuel pour voir la possibilité de faire rentrer tout le monde. La raison d’être à l’extérieur n’est plus valable maintenant, je pense que le temps est venu de participer au développement du pays », lance-t-il à l’endroit des autres rebelles. 

Fin juillet, le président du Conseil militaire de transition, le général Mahamat Idriss Deby, a reçu en grande pompe deux autres exilés après leur retour au pays. Il s’agit de Korei Djimi, président du Rassemblement des tchadiens pour la justice (RTJ) et Djiddi Galmaye Amboumi qui prétend aussi être conseiller du président de l’UFR. Le Rassemblement des Tchadiens pour la Justice (RTJ) n’est pas une organisation militaire connue qui a une base combattante. Son leader Korei Djimi qui a passé plus de 20 ans en exil au Canada, n’a aucun rebelle derrière lui.

Djiddi Galmaye Amboumi et Korei Djimi reçus au Palais rose en juillet 2021.

Selon eux, ce retour est rendu possible par la politique de la main tendue des autorités de la transition militaire. Or pour la direction de l’UFR, ces Tchadiens ne font plus partie de leur rang depuis longtemps.

L’UFR est une coalition de huit mouvements rebelles tchadiens fondée en 2008 et dirigée par Timan Erdimi, un neveu du défunt président Idriss Déby Itno.

Selon Doki Warou Mahamat, ce retour après de nombreuses années d’exil, est à mettre au crédit des autorités de la transition militaire.

Désaccord au sein du mouvement

Faux, rétorque pourtant le président de l’UFR Timane Erdimi qui n’a pas voulu parler au micro de la Deutsche Welle. « L’UFR n’accorde aucune importance à ce ralliement sans conditions d’individus qui ont coupé tout contact avec la base depuis belle lurette », a-t-il fait savoir.

Le porte-parole de l’UFR est également du même avis. Mais Youssouf Hamid reconnaît toutefois que l’une des personnes de retour au Tchad est effectivement de l’UFR. « Parmi ces frères figure Mahamat  Abdelkerim Hanno, notre ancien camarade de lutte et cadre de l’UFR. Les restes sont des frères tchadiens qui ne sont pas des éléments de l’UFR. Puisque pour être un membre de l’UFR il faut forcément appartenir à un des mouvements composants l’UFR. Ce qui n’est pas le cas des autres« , insiste-t-il.

Des doutes émanant des leaders politiques et de la société civile

Dr Moussa Pascal Sougui du Conseil National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD) craint que le dialogue national inclusif aboutisse uniquement à une « paix des braves » sans l’ouverture d’un débat politique et historique sur les 30 dernières années au Tchad. « Le dialogue national inclusif ne doit pas être un lieu de marchandages et de négociations comme par le passé, où l’on distribue à quelques aventuriers des milliards du trésor public, des grades et galons dans l’armée et des postes dans l’administration pour juste permettre au système du MPS de continuer à prendre en otage notre pays », a-t-il poursuivi sur son Blog. Il avait conclu en lançant un appel à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds à « exiger une inclusivité totale dans le dialogue entre les Tchadiens pour que les principaux acteurs nécessaires à une véritable sortie de crise ne manquent pas à l’appel et pour que des vraies solutions soient trouvées aux graves problèmes de gouvernance de notre pays ».

La société civile tchadienne dénonce un choix sélectif de ralliement des opposants exilés, financé à coup de milliards.

Sosthène Mbernodji, le secrétaire général du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés s’interroge d’ailleurs : « Combien leur a-t-on donné ? Personne ne le saura ». Et de poursuivre : « Ceux qui sont rentrés, c’est à coup de milliards qu’on leur a donnés. Donc qu’on arrête de faire du marchandage avec ce genre d’accords. Que les gens rentrent une fois de manière sincère et qu’on évolue. On craint que ces mêmes personnes restent un temps et puis retournent en brousse pour faire monter les enchères ».

Aucun des membres du gouvernement de transition militaire contacté n’était disponible pour réagir à ce sujet.

Avec la Deutsche Welle

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