Suite à l’annonce de la fermeture de la frontière entre le Tchad et la Libye par le Ministre tchadien de l’Administration du territoire, de la Sécurité publique et de la Gouvernance locale, Mahamat Abali Salah, dimanche dernier, les rebelles du Front de la Nation pour la Justice et la Démocratie au Tchad (FNJDT) annoncent qu’ils contrôlent les voies de ravitaillement en vivres et carburant des troupes du régime stationnées dans le Borkou-Ennedi-Tibesti (B.E.T), nord du Tchad.
C’est la deuxième fois en deux ans que le gouvernement tchadien annonce la fermeture de la frontière avec la Libye. Cette fois-ci, l’annonce intervient quelques semaines après l’intervention de l’armée française pour stopper la progression d’une colonne rebelle venant de la Libye, qui menaçait de marcher sur la capitale. Selon le ministre Mahamat Abali Salah, il s’agit de prévenir les incursions rebelles mais aussi de combattre l’orpaillage clandestin.
C’est dans un enregistrement audio publié sur les réseaux sociaux (WhatsApp) que le Chef d’Etat-major du FNDJT, le Colonel Allatchi Ali dit « Koukoulé » a déclaré qu’il avait ordonné le blocage des ravitaillements en vivres et carburant de l’armée du dictateur Idriss Déby en représailles à la fermeture de la frontière avec la Libye.
Il faut noter que, tout comme les populations du nord du Tchad, l’armée tchadienne se ravitaille aussi à partir de la Libye, où les produits alimentaires et l’essence coûtent moins chers que sur le marché de N’Djaména. Lors des précédentes fermetures de la frontière, certains hauts gradés de l’armée clanique s’adonnaient au trafic des vivres et de l’essence de la contrebande.
Dans son communiqué, le Colonel Allatchi « Koukoulé » annonçait qu’il dispose d’une centaine d’hommes aguerris qui viennent tous du front de Mourzouk dans la guerre entre les Toubous libyens et l’armée de Khalifa Haftar. Il avait aussi annoncé que ses combattants se trouvent actuellement à 70 Km des positions de l’armée du régime tchadien. Le Colonel Allatchi est un ancien baroudeur des guerres au Tchad, très connu dans le Tibesti au temps du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT) et dans la zone frontalière entre le Tchad et la Libye.
Mais, selon les observateurs militaires, il est très difficile de contrôler une frontière qui fait plus de 1 000 Km dans le Sahara avec une poignée d’hommes et des moyens limités en carburant. Et cela n’arrange pas non plus les commerçants Toubous qui font le transport de marchandises entre la Libye et le Tchad.

Dans la guerre de l’or dans le Tibesti, le « Derdé », Chef traditionnel des Toubous, Erzei Barka Sougoumi est arrivé à Miski à la tête d’une délégation pour faire une médiation entre le Comité d’autodéfense et le régime de N’Djaména qui menace d’envoyer encore son armée dans la zone aurifère de Miski. Comme les forces de son allié libyen Khalifa Haftar contrôlent actuellement plus ou moins le sud de la Libye, pour Idriss Déby, il est temps de revenir dans le Tibesti pour mâter les villageois de Miski qui refusent le vol de leurs ressources minières par ses proches. Une réunion devrait se tenir le 20 mars avec les populations de Miski pour décider de la suite à donner à cette médiation. « Nous refusons catégoriquement d’être désarmés dans la mesure où les raisons qui nous ont conduits à prendre les armes contre les autorités n’ont pas trouvé de solution », a déclaré, mardi dernier, Molly Sougui, porte-parole du comité d’autodéfense de Miski, à la suite d’un appel au désarmement lancé par le gouvernement dimanche. « Avant d’envisager le désarmement de la population dans la province du Tibesti » le Comité d’autodéfense de Miski revendique notamment le droit à « l’exploitation de l’or de Miski de façon légale », a ajouté l’ancien sous-préfet Molly Sougui.
Par ailleurs, le régime de N’Djaména a annoncé ce samedi le ralliement d’environ 400 ( un chiffre exagérément gonflé) rebelles de l’Union des Forces pour la Démocratie et le Développement (UFDD). Un reportage de la Télé Tchad a montré l’accueil de ces rebelles de l’UFDD à Wour par le ministre de la Sécurité publique accompagné du gouverneur du Tibesti et des officiers de l’Etat-major de l’armée clanique.
Le FNDJT a été créé en juillet 2018 dans le sud de la Libye par un groupe de rebelles tchadiens qui avait désigné Dr Abakar Tollimi comme président du mouvement.
TchadConvergence